Ruelle sombre et cœur d'or

J'ai croisé Noruff au détour d'une ruelle sombre, isolée et franchement dégueulasse. Si je n'avais d'abord aucune envie d'y rester, c'est en là voyant s'agiter que j'ai compris sa chaleur humaine, au détour de ses visages de déclassés, ses quotidiens sombres mêlant misère, alcool, ennui ,drogue et désillusions.

Si mon oreille ne s'est baladée que récemment dans l'univers du rap français, l'album de Noruff n'aura fait que me prouver que ce dernier se porte de manière admirable. Revisitant les codes classiques du rap de leurs aînés, Noruff allie avec brio classicisme et technique, sans jamais avoir la prétention de révolutionner quoi que ce soit. Ils délivrent un message sincère qui ira droit au cœur avec la douceur d'un uppercut.

Noruff peint les rues parisiennes dans un réalisme qui prend aux tripes. Ce Paris que personne ne veut voir, ces quotidiens de chômeurs, de banlieues qui étouffent, et ces rues sales qu'on voudrait quitter mais qu'on continue pourtant à arpenter. Noruff ne te prendra jamais par la main mais par les tripes, livrant son cœur sombre et sincère sur un plateau de platine, couleur du disque que le groupe mériterait amplement.