Command
6.1
Command

Album de Client (2009)

Quatrième album de Client, Command est sorti dans une relative indifférence, et c’est bien fait. Il faut dire que les deux anglaises nous avaient tellement aguichés avec leurs deux premiers efforts électro-pop indus que la déception à l’écoute de Heartland (2007) n’en avait été que plus grande. Trois ans d’attente, une nouvelle recrue (bassiste), mais rien de nouveau sur leur planète, et surtout des mélodies réchauffées ; bref une sorte de succédané consensuel probablement destiné à attirer les foules.

La punition a été de taille puisque Command paraît aujourd’hui dans l’ombre d’un nouveau label rikiki. Mais une fois n’est pas coutume, il semblerait que cela ait été un mal pour un bien. Car la musique de Client, si elle ne retrouve pas toutes les teintes industrielles thatchériennes des débuts, replonge tout de même dans le gris béton qui lui collait si bien à la peau.

On le sent dès l’introduction, le trio a repris en main son objectif de base, à savoir satisfaire le client, et ce de manière rigide et stakhanoviste. « Petrol » est porté par une basse graisseuse et des percussions électroniques rétrofuturistes, la voix de Client B, blanche comme un flash, fait le reste. Au fur et à mesure, l’entreprise se dessine et se sublime en mission de sabotage. Les instruments « acoustiques » (piano, guitare électrique), utilisés avec parcimonie, sont totalement déshumanisés et se font régulièrement défoncer à coups de beats martiaux et de synthés pompiers. La voix féminine, presque robotique. Et enfin, mélodiquement, le groupe retrouve l’évidence qui lui a toujours réussi.

C’est vraiment par ces partis pris définitifs (combat du high-tech contre le vintage, pulvérisation de toute forme d’émotion ou de ce qui pourrait la provoquer) que Client (re)trouve sa voie, dans une sorte d’illustration musicale d’un film de Verhoeven. Cela en fera vomir certains (les réminiscences eighties n’ont pas toujours la côte), mais on peut également, et sans honte, y éprouver un certain plaisir. Si tant est que l’on soit tenté par le lavage de cerveau façon T-1000 ou les soirées déguisées animées par Wall-E…

Francois-Corda
7
Écrit par

Créée

le 16 sept. 2018

Modifiée

le 11 juin 2024

Critique lue 32 fois

François Lam

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