Des larmes d'espoir

Les 11 chansons qui composent DEACON sont des histoires et des études sur l'amour conçues individuellement - l'amour noir, l'amour gay, l'amour romantique, l'amour platonique - des chansons qui forment ensemble quelque chose qui est à la fois précieusement tendre et intimement chaleureux. Les cœurs brisés ont peut-être été remplacés, mais le serpent est peut-être encore plus vulnérable et personnel en son absence.

L'album s'ouvre doucement sur une guitare solo aux sonorités folkloriques, mais s'épanouit rapidement dans un paysage sonore plus expérimental après que les accords de guitare et de piano soient imbibés de chœurs harmoniques et d'une ligne de basse 808. La production reste effectivement propre tout au long de l'album et est parfois presque minimaliste, tout en conservant en même temps un air de créativité et de jeu qui nous intriguent du début à la fin.

Les traditions musicales issues de genres comme le R&B et ses dérivés ont toujours été apparentes dans la musique de Josiah Wise et cela ne change pas sur DEACON. Les voix occupent une place centrale, qu'elles apparaissent avec délicatesse ou comme un mille-feuilles d'harmonies riches inspirées du gospel, amplifiant toujours l'habileté du serpent en tant qu'auteur-compositeur et parolier.
Ayant grandi dans une famille religieuse, DEACON n'est pas seulement influencé musicalement par la musique gospel de l'église noire, mais tire également son titre du "Christian office". "Je voulais créer quelque chose qui soit calme et retenu. C'était ma façon de puiser dans l'énergie que possèdent de nombreux diacres (Deacon en anglais) ", explique serpent.

Au bout d'un moment, serpent se transforme en un son entièrement teinté de tons rappelant le R&B des années 2000 avec les morceaux "Amir" et "Sailor's Superstition". Ils sont soigneusement liés par le court interlude acapella "Dawn", qui, avec un peu plus de 30 secondes de pur bonheur vocal, agit comme un point d'ancrage pour nous garder enracinés. Il devient cependant évident que le serpent pourrait faire de grands hymnes R&B - des chansons qu'on entendrait de partout qui et exigeraient une répétition radiophonique - s'il le voulait.

"Fellowship '', le premier single de DEACON sorti en janvier, se présente parfaitement comme un joyau de fin d'album, rendant tout encore plus brillant. “Maybe it's the blessing of my 30s/I'm spending less time worrying and more time recounting the love/ More time recounting the love” chante le serpent avant d'être rejoint par Lil Silva et Sampha pour répéter les lignes “And I'm so thankful for/My friends (my friends), my friends (my friends)/I'm thankful for the love I share with my friends” Le refrain est un mantra qui résume l'essence de DEACON mieux que tout autre mot.

DEACON est certainement un album moins conflictuel que "SOIL" (2018), mais le son invitant de l'album permet au talent brut de Wise de briller d'autant plus. Sous un extérieur charmant et simple se cache une profondeur puissante.
DEACON est un album dont les chansons ne sont ni plus ni moins que des larmes d'espoir aux yeux de qui a oublié le sens de l'amour.

7,5/10