La Revolution 2.0


En 2013, le fameux magazine de musique NME titré sans retenue ceci : « Britain’s Palma Violets and America’s Haim lead the 2013 revolution music ». D’autres noms suivaient, Savages, Peace ou encore Joey Badass. La presse annonçait donc l’ouverture (tardive) d’une décennie nouvellement rock, avec des groupes novateurs, qui puisaient leur inspiration chez les plus grands. Seulement, cet enthousiasme n’était fondé que sur des hits et pas encore des albums : Palma Violets et son 180 ont déçu, et ce n’est pas leur tube Best Of Friends (violemment puissant) qui les sauvera d’un naufrage critique.


Mais tout le monde a le droit de se tromper la première fois…même les nouveaux héros, remplacés depuis par d’autres conquérants et brutaux machinistes du rock (Royal Blood si tu m’entends !). Les jeunes punk reviennent donc à la charge pour en découvre une nouvelle fois avec l’industrie du disque chancelante et, pourquoi pas, redonner goût à leur musique au monde. Et c’est ainsi qu’est pondu Danger In the Club, issue de Rough Trade Record, et dont la production est assurée par un certain John Leckie, l’homme derrière les premiers albums de Radiohead et Muse, en autres.


Première écoute premier constat : l’album est plus aboutie que son grand frère, et toujours aussi virulent, punk et vrai. Car c’est ce qui fait la force de la formation : ses musiciens sont simples, leur musique va là où ils ont envie de la foutre et les arrangements, ponts, mélodies, power chords, sont des hommages multiples au rock underground britannique des années Sex Pistols, The Jam et The Clash. Le point commun de la bande à toutes ces légendes : la déferlante de riffs, les influences multiples drainées dans le punk et le psychédélique (moins évident dans ce DITC), la voix dérangée du leader Alexander « Chilli » Jesson qui fait toute l’identité du groupe. Ce qui leur manque pour faire partie du même panthéon que ces légendes ? Les vrais riffs, ceux qui prennent aux tripes, qui ont une mélodie que l’on identifie tout de suite.


Enfin, les morceaux dans Danger In The Club sont très bons, la guitare de Samuel Thomas Fryer n’est pas en reste, très au centre de cette production. Cependant, le clavier de Jeffrey Peter Mayhew tend à rester en retrait bien trop souvent, et ne se démarque jamais vraiment. Celui-ci ne fait qu’ajouter une atmosphère pop (dispensable) et caractéristique du groupe. Non, la vraie force de morceaux comme English Tongue ou Hollywood (I Got It), c’est leur hymne. On s’imagine facilement beugler dans une vieille salle les paroles « Let Him Go/And everybody knows just who I am » ou encore « I got Hollywood in my bones ». Les derniers morceaux de l’album ne sont pas en reste, comme 5 Gold Rings et In the Rain, et heureusement, tant le milieu du disque est composé de morceaux inutiles et sans saveur (The Jacket Song, Matador). Quelque peu inégale donc, mais dans l'ensemble de bons morceaux.


En soi, ce deuxième album nous prouve que Palma Violets a un vrai feeling avec sa musique et une vraie identité. Dans la droite lignée de The Libertines et The Ramones, le groupe londonien impose une musique renégat et bien loin des standards de notre époque. Maintenant, il ne leur reste plus qu’à démolir les charts et à imposer leur son aux puristes et pourquoi pas, au public…mais avons-nous envie de voir cela ? Peut-être, il serait temps que quelqu’un botte le cul à Taylor Swift et Mumford and Sons.


Excho : The Libertines - Up The Bracket ; Sex Pistols - NeverMind The Bollocks ; Babyshambles - Shotter’s Nation

ISkinz
7
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le 26 mai 2015

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