Quel surprenant album qu'est ce Double Trouble Live. Sorti en 1985, le style que jouait Molly Hatchet était désuet snobé par les maisons de disque et autre MTV, mais pourtant le groupe a réussi a convaincre sa major de bien vouloir produire ce disque. Après 6 albums studio et une péliade de dates et de tournées, c'était légitime.
La production pour commencer est très appréciable. Catchy, ronde et propre, il n'y a rien à en redire. Elle fait ressortir chaque instrument, leurs donne la place pour libérer la puissance qu'ils dégagent individuellement, cette même puissance qu'en studio. Combien de captures de concerts découragent parce que le son est brouillon ? Ici, le groupe ne s'est pas gêné pour le peaufiner en studio sans tomber dans la surenchère de matériel, et on les en remercie. Or donc les jeux de guitares de Dave Hlubek et de Duane Roland, mis en avant, sont vraiment jouissif et électrique et donnent envie de se déhancher. Aidé par un piano énergique et une session rythmique irrésistible, tout ce bouillonnement sonore trouve vite approbation à nos oreilles. Difficile de dire quel instrument on préfère dans tout ça, surtout avec le chant unique de Danny Joe Brown, légèrement rugueux mais très chaleureux. On peut même passer sur le publique qui est d'une hystérie à toute épreuve, et ce tout le long du show. C'est assez marrant de s'imaginer un tel publique et ce que donnerait un concert avec.
La setlist est hyper efficace et permet de placer tantôt un boogie remuant, propre au groupe tantôt un Rock très ferme. La séparation en plusieurs "actes" permet de rester plonger dans le disque et de ne pas se lasser. Pour ouvrir, on retrouve les grands titres comme Whiskey Man, Bounty Hunter et Gator Country. Puis plus loin Boogie No More qui attaque sévère. Mais il n'y a pas que du Hard puisque la super balade Fall of the Peacemakers est de la partie. Là aussi c'est un jeu de guitare de qualité que sort Dave Hlubek. Le point d'orgue du live s’atteint à la reprise de Lynyrd Skynyrd, Free Bird, qui est jouée à merveille et qui rend ici aussi bien hommage au groupe que à Duane Allman ou même à toute la famille Southern Rock. L’enchaînement sur Dreams I'll Never See (repris sur le premier album) vient renforcer cette sensation d'hommage. Cependant dommage que le groupe clôture sur un Beatin' the Odds vigoureux mais trop vite expédié, qui relance le disque et qui nous laisse sur notre faim.
Rétrospectivement, les points incompréhensible sur le choix des morceaux ce sont les très Pop Stone in Your Heart et Satisfied Man qui ouvrent la face B (impossible à zaper donc !). A une époque où le Southern et le Rock en général était tourné vers le Hard FM, c'est normal de les trouver sur ce disque. Entre Van Zant, .38 Special ou Doc Holiday, il fallait creuser son trou commercial. Mais à écouter maintenant, on se demande ce qu'ils font là ces morceaux tant ils correspondent peux à Molly Hatchet. Heureusement ils sont bien interprétés, mais on les oublie très vite.
Duels de guitares, son pète-sec et décibels élevés, voilà se qu'on trouve ici. Assez proche de Highway Song Live de Blackfoot, avec ses jeux de guitare remarquable, Double Trouble Live est un album à posséder si vous aimer le Hard Blues pas compliqué, et la joie et la vérité du Southern propre et net, qui nous communique un bien être à faire sourire bêtement avec plusieurs bières ou du whisky. C'est aussi un super point de départ pour commencer à découvrir ce groupe, qui n'est pas composé que de musiciens redneck bas-du-front mais bien d’interprètes/compositeur au feeling indiscutable.