Ego Dominus Tuus
7.8
Ego Dominus Tuus

Album de Nightbringer (2014)

Eminent représentant de l’USBM (United States Black Metal) occulte depuis maintenant quinze ans, Nightbringer a commencé à condenser ses sorties depuis 2008, enchaînant splits et full lenght à un rythme effréné.
En terme d’évolution, le plus grand pas franchi sur cette période est certainement le split avec Dødsengel de 2013 : si le groupe proposait auparavant des compos assez linéaires et qui avaient tendance à s’éterniser sur une musique très épurée avec des riffs trémolos parfois sans consistance, le groupe a fait un très gros effort en enrichissant considérablement ses arrangements sur les deux seuls morceaux du split.

Ce qui m’a toujours fasciné chez eux, c’est l’ambiance occulte qu’il parviennent à instaurer : en le chant scandé d’ar-Ra'd al-Iblis (aussi vocaliste chez Irkallian Oracle) qui évoque un moine professant des oraisons impies, le son chargé en réverbération et les interludes ambiants toujours très réussis, on a toujours l’impression d’être plongé en plein milieu d’une messe noire chez eux.
Sur le plan du riffing, Nightbringer avait tendance à rechercher systématiquement la dissonance à tout prix sur les précédents albums, superposant des plans de guitare haut perchés de manière à sonner le plus disharmonieux possible.

Avec ce dernier album, la personnalité du groupe demeure intacte, on reconnaît leur style dès les premières secondes. Nightbringer s’est toutefois attaché à enrichir de manière considérable ses compositions : la dissonance n’est plus tellement de mise, de même que le caractère minimaliste des albums précédents. Ego Dominus Tuus se situe dans la continuité du split précité, présentant une musique plus dense et harmonieuse et on constate avec plaisir que le groupe atteint vraiment des sommets sur des morceaux aussi prenants et envoûtants qu’I Am The Gateway, aux fines nappes de clavier au son d’orgue rehaussant la ligne mélodique principale à la façon d’un Emperor, les plans de guitare se complétant à merveille, ou encore le dernier morceau de presque treize minutes au riffing épique et tout en nuances.
Ces deux morceaux phénoménaux sont assez représentatifs du reste de l’album, dense et très long (soixante-et-onze minutes) mais qu’on ne sent pas passer tant le propos reste passionnant, y compris la longue plage ambient Call Of The Exile aux sonorités arabisantes du meilleur effet.

Avec cet album, Nightbringer confirme tout le potentiel qu’on sentait chez eux depuis un moment, et ceux qui les ont suivis depuis ces dernières années se voient récompensés par cet authentique chef-d’œuvre de black metal occulte. Je n’aurais pas crié au génie avant, car on sentait que le groupe avait mieux à proposer et son génie de composition n’a jamais été aussi éclatant que maintenant.
Man_Gaut
9
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le 2 nov. 2014

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Man Gaut

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