La compositrice suédoise Ellen Arkbro, c'est le genre de fille à présenter un truc de 26 heures au Stockholm Concert Hall. C'est parce qu'elle étudie actuellement un Master en musique en fait, mais ça on s'en fout, ce qui importe c'est qu'elle nous ponde un son de la trempe de For Organ and Brass. Pour faire court, Ellen a écrit For Organ and Brass sur des bases musicales de la Renaissance en exploitant des micro-intervalles (proches de celles du blues qu'elle dit, même qu'en fait ce serait juste du blues ralenti - je sais pas mais ça me plaît moi) que seul un type spécifique d'orgue pouvait produire. Et elle a fini par trouver son bonheur dans l'église Saint-Stéphane de Tangermünde au Nord-Est de l'Allemagne, sous la forme d'un orgue Sherer-Orgel de 1624. Tout dans la simplicité. En résultent trois morceaux minimalistes aux accents drone car composées de notes soutenues d'orgue et de trois cuivres, un tuba, un trombone et un cornet (un cor, une corne ? Je ne connais pas la traduction exacte de horn). For Organ and Brass, Three et Mountain of Air, une quarantaine de minutes en quarantaine dans les nuages.
For Organ and Brass, c'est le son qui pourrait m'annoncer béatement ma bénédiction avec complicité tout comme il pourrait habiller mes pires pressentiments. C'est une gamme d'émotions contenue dans quelques notes soutenues d'une pureté crasse, robustes et tremblotantes à la fois, solennelles mais extrêmement sensibles. C'est cette pudeur qui leur donne cette force. Parfois, l'orgue et ses trois acolytes deviennent sans équivoque, et heureux. Quoique. Apparaissent des relents de grandeur fière et dure, quelque chose qui ressemble à une marche militaire, paradoxalement après une bataille, bataille qui se serait soldée par une victoire mais dont la seule chose que l'on retient dans le présent, ce sont les innombrables pertes de camarades soldats.
Je digresse mais faites-en ce que vous voulez de cette petite pièce de musique. Mais écoutez-la. Parce qu'aujourd'hui il y a encore des cons pour dire que la créativité, les vrais artistes, ça n'existe plus en 2017, que tout se ressemble et que tout est aseptisé. Et s'il y a bien un art pour lequel c'est pas vrai d'abord, bah c'est la musique.
https://ellenarkbro.bandcamp.com/album/for-organ-and-brass