Tout le monde sait qu'il est difficile de percer avec son premier album, même s'il est de qualité, sans une poignées de mecs sympas et surtout connus pour filer un coup de main et monter un petit buzz. Ce groupe là a, heureusement, d'assez bonnes relations. A commencer par So Me, le graphiste maison d'Ed Banger, qui a réalisé la pochette, ou les musiciens de la famille du palmier qui sont tous issus de groupes de pop d'orfèvre, et sans oublier Tunde Adebimpe, le chanteur lunaire de TV On The Radio qui vient pousser la chansonnette sur That Song, douce chanson neurasthénique aux relents Floydiens. Parce que ce sont bien les swinging sixties qui sont à l'honneur sur ce disque. On imagine que le groupe français avouera facilement sa préférence pour la perfide Albion et cette période si propice à l'amour avec les garçons de plage. Le disque débute sur les chapeaux de roue, comme pour nous lancer sur une fausse piste, avec 1973, véritable petite perle à retardement qui explose à une minute de la fin. Il y aura peu de nouvelles explosions (When I Miss You et son orgue fou) mais beaucoup de ballade crève-cœur, dont la plus belle, You Make Me Blush, piano-voix-chœurs très Life On Mars. A quelques moments, on frôle le coma à trop rêvasser sur la plage au rythme du piano, mais presqu'à chaque fois quelque chose vient nous réveiller (un banjo, une jolie fille qui chante, la voix de Tahity Boy qui trésaille). Le disque se finit presque sur Brooklyn, une épopée glam de plus de 7 minutes qui ne cessent d'augmenter en intensité jusqu'à son final Morriconien. Ainsi on a fait le tour d'un disque truffé de références en B (Beatles, Beach Boys, Blur, Bowie...), si bien apprêté qu'on le présenterait aisément à sa grand-mère comme une bonne vieille galette de la bonne époque.