Le morceau éponyme, dès l'ouverture, sonne d'emblée comme du Tame Impala. Impossible de ne pas y penser. Et c'est aussi ce qui peut inquiéter d'ailleurs, tant cela donne l'impression, par cette extrême ressemblance, qu'il s'agit là d'un banal "copié/collé" du groupe de Kévin Parker. Mais, à l'écoute des morceaux suivants, c'est finalement moins simple qu'il n'y paraît. La structure des chansons, les mélodies, les riffs, certaines basses intelligemment mises en avant ("Not quite the same"), renvoient au meilleur d'autres groupes contemporains comme The Lemon Twings. Le groupe originaire du Kettering, depuis son premier album, semble avoir évolué. En bien. Je le dis. Hot Motion est peut-être le meilleur album de Temples, ou, en tout cas, son plus abouti. Il y a même comme un détachement, une légèreté dans la manière de s'approprier certaines chansons au point de rivaliser avec les plus grands. Le début du morceau "Atomise" me fait penser à un matériau proche du folk psychédélique du More de Pink Floyd, même si la suite du morceau est d'un tout autre acabit, presque opéra - progressif, mais sans l'emphase (et que dire de "It's all coming out" et de sa mélodie mémorable?). C'est comme si les membres du groupe s'assumaient entièrement dans un son très enfantin, naïf, mais sans complaisance, et en réussissant le difficile (exploit?) de réaliser une synthèse musicale faite à la fois de la puissance et du son des grands groupes de rock progressif des années 1970 mais aussi des mélodies et/ou des harmonies vocales de groupes comme les Beatles ou les Beach Boys ("Monuments"), mais avec une identité qui leur est propre, ce qui finalement est un beau pied de nez aux influences, néanmoins évidentes, auxquelles il est permis de penser au début de l'écoute de ce très beau disque empli d'une touchante maturité.