Première piste, introduction d'un ronronnement électronique, puis une seule note de guitare pendant dix minutes, soutenue par quelques percussions. Comme souvent dans ce style musical, la monotonie devient envoutante et l'oreille se rapproche du son récurrent pour en déceler les moindres variations ; chacune devient alors une mélodie subtile, presque indétectable, nous poussant à l'étudier toujours de plus près.
Même principe pour la seconde piste, cette fois le ronronnement revient et en occupe la majeure partie. On se met à découvrir sa texture qui apparait diphonique, formant l'équivalent d'une ligne de basse et d'une mélodie se répétant comme une respiration. Le larsen final annonce l'évolution vers des sonorités plus métal et plus agressives.
La dernière piste démarre sur des percussions choquantes par rapport à la sérénité qui avait précédé. Puis des guitares rejoignent dans un brouhaha monocorde et l'on comprend alors pourquoi l'étiquette de black métal était accolée à cet album de drone. Pourtant cette partie devient naturelle, et à mesure que le mur sonore se déploie, le vrombissement général nous engage à poursuivre la méditation entamée. Des hurlements surgissent, comme un luxe après plus d'une demi-heure instrumentale, pour ajouter une touche lugubre et menaçante au crescendo de conclusion, qui en fin de compte ne conclut pas car il s'interrompt aussi abruptement que la vie, laissant l'auditeur projeté hors de sa bulle soigneusement construite.
Cet album représente à mes yeux l'essence du drone en tant que genre musical – simple, lent, répétitif, hypnotique, texturé, structuré – ainsi qu'une passerelle vers un black métal atmosphérique partageant les mêmes propriétés (cf. Paysage d'hiver).