Quel beau programme que nous propose Haley Hendericks, jeune artiste âgée de 25 ans lors de la sortie de cet album en 2018, I Need To Start A Garden. En effet, sortons, prenons l’air, éloignons-nous un temps du fatras et la frénésie de ce monde non pas pour littéralement mettre les mains dans la terre (quoique) mais pour se retrouver intérieurement un temps, pour écouter nos sentiments, s’en apaiser et repartir de l’avant. Oui juste cette phrase est tellement évocatrice.
Il y a une certaine profondeur à l’écoute de ses chansons, à la fois intime, d’apparence si simple (mais pas simpliste) et qui pourtant nous touche quand même. Pour peu qu’on s’y attarde, la voix et les paroles d’Haley Hendericks parlent d’elle, mais semblent nous être aussi destinés.
Pour accompagner ces paroles, l’artiste propose un jeu à la guitare aux doigts élégant et, pour qui s’y connaît un peu en accordages de guitare, atypique dénotant une recherche musicale qu’on ne pressent pas initialement.
L’album met donc naturellement en avant la voix et la guitare de la jeune femme pour des ambiances folks (No Face, Jo, Drinking Song) mais aussi parfois plus abrasif lorsqu’elle est accompagnée d’un groupe complet.
Worth It, et ces 7 minutes, montre les ambitions de l’artiste de sortir des standards classiques de la chansons folks avec ces alternances de tempo, d’ambiances, tantôt calmes, tantôt rageuses, au gré des paroles et des émotions. Oom Sha La La serait le pendant inverse avec une structure des plus simples où Haley Hendericks énumère l’ensemble des choses qui l’agace chez elle jusqu’à ce cris libérateur qu’elle prône comme un mantra : I Need To Start A Garden ! Qu’aimerait-on l’accompagner dans son jardin !
Enfin, le pinacle de cet album est pour moi atteint avec Untitled God Song, les 4 premières notes suffisent pour tout de suite savoir qu’on tient là un morceau remarquable qui nous tient tout le long de ces 4 minutes. Celui-ci est d’autant plus mis en valeur avec la chanson qui le précède Show You A Body, qui paraît peut être plus mineure, car aérien et sinueux.
Untitled God Song possède une merveilleuse mélodie avec une monté en intensité très bien géré et finalement, comme toute belle chanson, semble tellement évidente qu’on se demande comment personne n’y avait pensé avant.
Le voyage se clôt avec Drinking Song où l’on retrouve juste la voix et la guitare de l’artiste ; parfait pour atterrir de ce voyage de seulement 8 chansons et 30 minutes
Mais ce sont 30 minutes admirablement exécutées, inspirées et touchantes, un condensé parfaitement équilibré à la fois brut mais aussi délicat. On attendra le temps qu’il faudra son prochain album, rendant ce présent album d’autant plus précieux que cette attente le rendra rare. A moins qu’elle ne soit vraiment parti pour de bon jardiner...