En 2018, Haley Hendericks clamait “I need to start a garden !” comme échappatoire à son quotidien, au monde qui l’entoure et à elle-même. En 2024, au regard de la pochette de son deuxième album, ce jardin semble avoir bien grandi !
L’attente fut longue, mais enfin, la chanteuse et compositrice Haley Hendericks sort le successeur à son premier album très réussi et qui m’accompagne encore très régulièrement.
Ce nouvel album, Seed of a Seed, conserve cette thématique d’échapper à notre univers, à notre monde moderne fait de consommation, distraction constante et de connexion numérique qui nous détachent de nous même, des autres et de notre environnement pour un retour non pas strictement à la Nature, mais simplement être plus attentif et à l’écoute de ce qu’il y a autour de nous, à ce qui s’y trouve et à nous même. À juste un peu moins de tout peut être. Revenir à des plaisirs plus simples, maybe a glass of wine chante t-elle dans la chanson titre.
La guitare est toujours l’instrument qui accompagne le plus la délicieuse voix d’Haley Hendericks notamment dans Gemini, Redwoods (Anxious God) ou bien encore Ayan’s Song. Cela est surtout remarquable avec son hommage au guitariste John Fahey avec Sorry Fahey et sa mélodie introductive tout en picking très "faheyien" justement. On relève aussi peut être plus d’arrangement pour cordes quand dans son premier album (Mouth of a Flower) ou bien la présence d’un trombone soliste tout au long de l’album (Spit in the Sink). Son style est clairement un prolongement des grandes chanteuses folk 60’s comme Joni Mitchell ou bien Joan Baez.Elle possède ce talent de savoir partir de mélodies d’apparence simple (mais pas simpliste) pour réussir à les faire évoluer pendant parfois moins de 3 minutes et leur donner une plus grande ampleur, nous emporter et nous émouvoir.
En fin de compte, 35 minutes et 10 chansons, ce qui peut sembler peu, tant on souhaite prolonger l'écoute et le temps passé avec la voix et les mélodies d'Haley. Je préfère voir cela comme une cohérence avec les thèmes de son album. Nombreux seront les personnes qui préfèreront sans doute son précédent album. On pourrait regretter ne pas retrouver de « pics » comme Untitled Song God ou Oom Sha La La issus de son premier album. Mais je me laisse tout de même emporter. Ainsi l’ensemble des morceaux s’enchaînent très rapidement jusqu’au dernier morceau Swoop, au rythme et ambiance opposées de la frénésie de Gemini qui ouvre l’album.
Il y a tant de bruit autour de nous, comment en faire la part ? Comment nous y retrouver ? Haley Hendericks nous fait part de ses réflexions et nous invite à y songer. Elle n’a pas de réponse toute faite à nous proposer. Mais qu’elle décide de faire cela en chansons et nous émeuve me va très bien. Vivement la suite, même si c’est dans 6 ans.