Deiphago, trio philippin en activité depuis 1989, est sans doute l’un des combos de black bestial les plus chaotiques qui soient. C’est simple, on ne comprend jamais ce qui se passe sur leurs albums, à part que ça file à toute vitesse. Les riffs sont bruitistes et inintelligibles, le chant est inarticulé, les compos semblent toutes se ressembler.
Même pour un initié comme votre serviteur, j’avoue que j’ai eu beaucoup de mal la première fois que j’ai écouté Filipino Antichrist ; je crois bien que je n’ai jamais pu l’écouter jusqu’au bout.
Dans leur disco, il y a peut-être Satan Alpha Omega que j’ai trouvé un peu moins bordélique et du coup plus « accrocheur ».
Même s’il y avait peu de chances que leur formule change avec ce dernier-né, j’ai souhaité jeter de ne serait-ce qu’une oreille sur l’objet.
Ils ont travaillé pour la première fois avec Colin Marston (de Krallice, Gorguts notamment), habitué à dompter ce style de musique chaotique (Mitochondrion, Antediluvian, Vasaeleth). De ce côté, c’est vrai que le son est meilleur que sur les premiers albums.
Après, c’est toujours la même chose : du gros black bestial incompréhensible, qui va à fond la caisse avec la précision chirurgicale d’un barbier en sevrage d’alcool.
Ceci dit, comme pour le précédent Satan Alpha Omega, il y a un je-ne-sais-quoi qui m’a plus interpellé que sur ceux d’avant. J’ai sans doute plus accroché à l’ambiance de celui-ci, malgré ce côté toujours hermétique. J’ai l’impression de mieux comprendre la trame des morceaux, d’y percevoir une certaine dynamique, comme sur (6 x 6 x 6) / 3 qui montre une certaine maîtrise, mine de rien.
Ce que je recommande vivement – je dirais même que c’est indispensable -, c’est d’écouter cet album au casque. Car à moins d’avoir une chaîne ultra performante – la mienne est déjà pas mal mais pas encore suffisante -, vous risquez de ne percevoir qu’une bouillie sonore indigeste.
La musique de Deiphago se veut jusqu’au-boutiste dans le chaotique, c’est comme ça et ça ne saurait être autrement. A vous de voir si ça vous parle ou pas.
Personnellement, je ne me mettrai pas ce disque tous les jours, mais j’y ai trouvé suffisamment d’intérêt pour certainement y revenir à l’occasion.
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