Après un premier album déjà archi-vénère, quoique manquant encore un peu de tranchant, les vilaines filles de Brats reviennent en force avec Karma, qui sonne comme la confirmation que ce groupe pas comme les autres en a bien sous le capot.
Conservant une identité musicale bien à lui, le trio fonctionne toujours aussi bien : on retrouve les sœurs Rei et Aya Kuromiya respectivement au chant/guitare et à basse, tandis que Hinako endosse le rôle de lead guitariste avec un style tout aussi agressif que pur et précis. La voix de Rei, déjà gros point fort de l’album précédent, reste spectaculaire, et a même gagné en puissance, se débridant enfin de cet autotune un peu ringard qui parasitait ses premières chansons. Les rythmes sont variés, survitaminés sans être brouillons, et la production de haute volée vient sublimer le tout sans paraître invasive. Pour être franc, cela faisait longtemps que je n’avais pas pris mon pied à ce point sur du rock contemporain.
La fanbase de Brats est grandissante, comme l’est aussi celle de Band-Maid, l’autre groupe de rock nippon 100% féminin qui monte. Il ne manque plus qu’une première vraie tournée d’ampleur internationale (ce qui sera malheureusement difficile par les temps qui courent) pour venir asseoir durablement ce succès.
L’autre incertitude qui pèse sur le groupe est le départ soudain de Hinako pour un mélange de raisons personnelles et de désaccords créatifs. Mais bon, soyons honnête, ce sont les sœurs Kuromiya qui possédaient déjà la majeure partie du pouvoir sur le processus créatif. À voir si cette omniprésence du duo sera compatible avec la reconstitution d’un groupe qui puisse durer sur un temps plus long.
Une réussite en tout cas à contre-courant de ce qui se fait actuellement, pour le plus grand plaisir de nos oreilles, avec une mention spéciale aux deux versions remaniées de leur précédent album (Kimarigoto, Lost Place), qui ont gagné en clarté et même en rythme, soulignant s'il le fallait encore la progression bluffante de la production.