[...] Mais voilà, à côté de tous ces bons aspects, quelque chose me chagrine dans ce Kelem. Je ne suis pourtant pas le profil-même à m'arrêter et me braquer sur l'évolution musicale d'un artiste. En général, c'est même tout l'inverse même. Mais en ce qui concerne Arkan, j'ai beau écouter, réécouter, toutes oreilles ouvertes et tolérante, ça me chiffonne. Le virage hyper-mélodique me laisse un goût curieux en bouche, le côté moins exagéré du développement de la facette orientale – auparavant plus exagérée et presque gimmick positive – également. A bien y réfléchir, c'était ce genre d'aspect que je recherchais et affectionnais chez les Parisiens : les contrastes entre extrême, mélodique et arabisant, aussi bien amenés de façon abrupte que plus graduelle. De même que ce côté plus exagérément arabisant tout court qui prônait le dépaysement et une certaine invitation au voyage par conduit auditif, à l'instar de combos comme Orphaned Land, Melechesh ou encore Nile. L'esprit qui vogue dans de lointaines contrées, le tout sans que le corps ne bouge de chez lui et sans dépenser un rond, hormis le prix du disque, une aubaine. L'absence de Sarah se fait cruellement ressentir également : même si sa trop grande mise en avant n'a pas forcément réussi à un opus comme Sofia, ses apparitions ajoutaient une touche de sensualité bienvenue. Qui n'existe malheureusement plus aujourd'hui, Arkan ayant préféré se focaliser sur autre chose et donc de ne pas trouver de subterfuge de remplacement afin de sauvegarder cet aspect. A vrai dire, seul « Erhal » - une vraie pépite d'ailleurs – conserve ces racines que j'affectionne tant chez le groupe parisien, ce qui est fort maigre sur un ensemble affichant pas moins de treize titres.
Alors, oui, je pourrais bien dire qu'Arkan, « c'était mieux avant ! ». Même si ça me gêne car cela me ferait vraiment passer pour une vieille conne conservatrice que je ne suis pas. Alors disons plutôt qu'Arkan m'a perdue en chemin car sa mutation musicale va à l'encontre de mes attentes quant à lui. Tout ce que je recherchais et affectionnais chez eux a quasiment disparu au profit d'avoir modelé un nouveau visage, heureusement fort réussi et bien meilleur que Sofia si l'on arrive à le sonder avec plus de distance. Une nouvelle facette à laquelle je n'adhère pas et ne fait plus vibrer comme un opus tel Salam a arrivé à le faire à sa sortie et le fait même encore maintenant lorsque je le réécoute. Pas de panique à y avoir pour autant : si Arkan aura sans doute perdu d'autres vieux partisans en chemin dans sa recherche d'évolution, nul doute qu'il arrivera à en rallier de nouveau avec ce Kelem.
La critique entière figure sur Core And Co, n'hésitez pas à aller y faire un tour !