Sumlin est un des héros longtemps oubliés du Chicago Blues et il a pourtant joué avec les plus grands, Muddy Waters, Howlin’ Wolf ou encore James Cotton, pour ne citer que les principaux. Mais il est resté dans l’ombre, son jeu de guitare illuminant cependant de nombreux albums importants. Son influence a été grande par exemple sur les Stones, Led Zep, Hendrix ou encore Clapton, à tel point que ce dernier l’a invité lors de son festival Crossroads en 2004 pour un beau moment de complicité (c’est là que je l’avais découvert, ignorant qu’il avait accompagnés des légendes). Une consécration tardive mais justifiée.

Le label français Vogue lui a donné l’opportunité de sortir un album en 1973, à partir de sessions ayant eu lieu à Chicago en 71. Sumlin y était entouré de musiciens de 1ère catégorie avec Fred Below à la batterie, Jimmy Dawkins à la guitare et James Green à la basse. Au rayon invités, l’harmoniciste/chanteur Billy Boy Arnold, du saxophoniste/chanteur Eddie Shaw et du guitariste/chanteur Joe Carter sont de l’aventure. Le résultat ? Un album intitulé « King of Chicago Blues vol 2 » (le 1er concernait The Aces) et un bon moment avec des standards parfaitement exécutés comme « I Can’t Loose » de BB King, « Everyday I Have The Blues » de Memphis Slim, « Little By Little » de Junior Wells et l’excellent « It Hurts Me Too » d’Elmore James en conclusion (peut-être mon morceau préféré dans cet album) et aussi des titres originaux, dont un « Blues for Elmore James » qui ouvre les hostilités de bien belle manière. En finissant sur la reprise de « It hurts me too », on a l’impression d’une boucle achevée et très cohérente. Difficile de ne pas penser à Clapton quand on écoute Sumlin envoyer « Willie’s back in town » et « Minor Feelings », là, le lien entre les 2 générations de musiciens saute aux oreilles.

Cet album français a eu le mérite de mettre un peu en lumière un bluesman discret mais de grand talent. La reconnaissance au terme d’une longue carrière est arrivée vraiment dans les années 90 et 2000. Les héros du Chicago blues originel devenant rares, il a été de plus en plus sollicité. Il nous a quittés en 2011 et ce sont Jagger et Richards qui ont payé ses frais d’enterrement pour le remercier de l’importance qu’il a eu sur la musique des Rolling Stones. Pas un indispensable mais bien agréable quand même.


JOE-ROBERTS
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le 15 sept. 2024

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