Land Of The Free est la version française de l’album Kokoo Girl – l’ordre des morceaux n’y est pas le même, c’est le seul changement notable –, troisième album de la jeune chanteuse suédoise, d’origine ougandaise. Jaqee livre avec cet opus
une galette reggae aux influences nombreuses.
Il y a des airs de ska, presque nus, de la pop acidulée, de la ballade folk par moments. Tout ça passé à la patine reggae et dopé d’une énergie communicative !
Le reggae de Jaqee est avant tout imprégné de soul music. C’est vrai dans la voix, sensuelle et chaleureuse, dans le chant au phrasé ample et précis, mais aussi dans l’aspect rond et puissant de certains morceaux, dont Moonshine ou Land Of The Free. Et l’esprit ballade de Take It Or Leave It, aux tambours nyabinghi, ou Letter To Samson, sur laquelle Jaqee pose sa voix avec douceur et sensualité – donnant du
my dear
à chaque fin de phrase, avant d’accélérer le tempo du chant tandis que les cuivres s’affermissent un peu plus –, l‘esprit folk en est un autre exemple.
Les influences pop sont indéniables. La mélodie et les effets de voix de Take The Train font fortement penser à Lily Allen, autant qu’un certain minimalisme instrumental, simple et frais, et qui, loin d’ôter du relief, met une droite sincérité en avant. Madness surgit aux détours des effets de cuivre souvent, liant certain qui donne la couleur un peu seventies de l’album – comme sur Natty Dread, où sa voix s’affirme toute particulière, légèrement éraillée dans les lignes un peu basses.
Un chant engagé et le rythme dans le phrasé,
Jaqee laisse éclater son souffle plein à l’apogée des morceaux, et le corps s’anime, secoué d’une irrépressible urgence.
Car la chanteuse n’oublie pas non plus d’envoyer du gros son pour énerver les jambes et envahir le dancefloor : Pink Drunken Elephant, à l’ambiance hip-hop sur un ska à l’anglaise, agrémenté de samples et de scratch, Voodoo Elephant, plus electro, dancehall inhabituel, chant déstructuré et mélodie décalée, de l’énergie pure, Kokoo Girl encore, un splendide reggae des premières lueurs des rayons du soleil printaniers, refrain pop sixties à la douceur des beaux jours. Il y a assurément
l’art de la fête
dans l’envie partagée de Jaqee.
Land Of The Free nous laisse sur une comptine folk sauce reggae, un interlude final un peu brut, sans le vernis lisse de l’arrangement, comme si Jaqee nous signifiait plus encore
son attachement à l’authentique.
Take A Walk With Me.
Ici, ou sur l’ensemble du disque, c’est bien à une agréable promenade, entraînante et vivifiante, que Jaqee nous convie. Il s’agit bien de profiter de cet agréable moment de printemps naissant. Son reggae, minimaliste parfois, ne manque jamais d’ampleur ni de relief. Tout en prenant le temps d’apprécier la nature qui nous réchauffe, le corps imperceptiblement remue, le cœur s’inscrit dans la mesure, bientôt
il ne reste qu’à danser sous le ciel bleu.