C'est intriguant cette façon qu'à le temps de forger nos points de vues et nos goûts.
Cet album, je lui mets la meilleure note possible, et pourtant c'est de loin celui que j'avais le moins aimé.
Je ne le comprenais pas, je ne voyais pas pourquoi il contenait tant d'ambiances différentes, de riffs aux sonorités parfois old school (la batterie de "That hurts..."). Je me disais qu'il s'agissait de leur premier faux pas.
C'est Meshuggah, et malgré tout, on s'habitue à l'ordre établi par leurs précédentes galettes.
Et puis il y a eu ce live au Bataclan; ils ont joué That hurt that finds you first, et j'ai compris.
Cet album, et c'est, je pense, pour cette raison que The Violent Sleep of Reason paraît si terne à côté, est ce qu'ils ont fait de mieux depuis le virage amorcé de 2002.
On y retrouve la corpulence et le poids de Nothing; des riffs lourds, une sonorité gutturale.
Sont présentes les ambiances de Catch 33 devenues maintenant si chères au groupe; d'un simple arpeggio, aux tons viscéraux.
Mais surtout, on y retrouve ce côté bulldozer, cet espèce de chaos pourtant si bien orchestré qu'est Obzen, avec, cependant, des guitares moins compressées, moins saturées.
Cet album au premier abord, c'est un morceau de roc brut; mais c'est au fil des écoutes que les détails se révèlent.
D'une entrée en matière fracassante grâce à I am colossus et son bridge absolument écrasant, l'ambiance spatiale de Behind the Sun, cette progression et ce final monumental sur That hurt that finds you first ...
Mention spéciale pour Swarm et Marrow et leurs riffs tribaux.
Et cet ending ... un vrai rouleau.
C'est un tout, et c'est pour cela que je ne partirai pas dans un descriptif complet de chaque morceau.
Ce disque porte parfaitement son nom; c'est un monument, une ode à la technicité subtile.
Ecoutez et savourez.