Je comprends qu'on puisse s’agacer en écoutant Bigflo et Oli.
Premièrement, leur air déjà désabusé par la notoriété et le monde de la musique (ce qui est omniprésent dans leur texte). A 24 et 21 ans, ils nous rejouent le coup de la jeunesse désabusée sur tout. Souriez un peu, la vie est belle. On a déjà envie de leur demander s’il s’agit bien là de leur « album de la maturité », ce qui est un peu ridicule pour un second disque….
Deuxièmement, les amateurs de rap peuvent facilement se vexer vis-à-vis de la violence avec laquelle le duo dénigre la scène rap actuelle, majoritairement misogyne et sans intérêt selon eux.
Ils opposent à cela leur rap sucré racontant la « vraie vie ». Il est pourtant très condescendant d’imaginer que sa propre vie est la « vraie vie ». En quelques sortes, c'est une forme de condescendance, dans le sens où, leur vraie vie n'est pas celle d'un gamin d'un quartier difficile ou même celle d'un fils d'ambassadeur. Il s'agit bien de leur vraie vie de fils de famille de classe moyenne habitant dans une grande ville de province.
Passé cet agacement légitime pour les fans de rap (ce que je ne suis pas du tout), on peut tout de même s’enthousiasmer en écoutant l’album. Il s’agit selon moi d’un bon album, très agréable à écouter.
Les prods sont recherchées, les textes bien calibrés, les thèmes variés (même si cela tourne essentiellement autour de leur vie).
Certains morceaux sont tout de même émouvants, comme celui qu’ils ont pu faire avec leur père,ou*Répondez-moi*, une jolie réponse à leurs fans.
Les parties chantées sont extrêmement présentes, au point qu’on ne puisse plus vraiment parler d’un album de rap. Il s’agit bien là d’un album métisse, entre rap à la vanille et variété française. Ce n’est pas pour rien qu’on les retrouve à faire des duos avec un Vianney par exemple.
Le duo avec Busta Rhymes est dispensable selon moi. Il fait un peu trop artificiel, et ne concorde pas avec le reste. En revanche, l’idée de glisser discrètement Joey Starr dans un de leur morceau est intéressant, même si on aurait peut-être apprécié au moins un couplet de sa part.
En résumé, il faut les classer dans la varièt, comme disait le Doc, et ne pas rager sur leur discours un peu trop mature et parfois un peu présomptueux. Dans quelques disques, ils riront de leur attitude en se rendant compte qu’ils se prenaient à l’époque un peu trop au sérieux.