Le décevant album de Mister Jack
J'ai toujours eu une affection particulière pour ce grand gaillard aux cheveux noirs corbeau.
Gothique lumineux et personnage "Burtonien", sorte d' Edward aux mains d'argent "Rock'n'Roll" dont les ciseaux auraient été remplacé par des cordes de guitare rouillées.
Grand rénovateur d'un Rock moribond au début des 00's avec ses White Stripes.
Créateur de riffs rageurs et de morceaux supersoniques entrés directement au Panthéon de l'Histoire du Rock https://www.youtube.com/watch?v=0J2QdDbelmY.
Une voix aigüe et surpuissante rappelant les grandes heures de ces chanteurs seventies ( Plant, Ian Gillian...) aux burnes compressées dans des jeans taille "enfant". Accompagné de son ex-femme, la merveilleusement bien "nichonnée" : Meg "Bouncing tits" White, qui a redonné à tout les jeunes mâles férus de Rock'n'Roll, le goût de la batterie.
Les bandes blanches ont secoué et battu les tapis poussiéreux d'un Rock qui s'était endormi après la mort du blondinet héroïnomane : Kurt Cobain, et avec lui un genre (Grunge) qui fut, au final, plus une mode passagère inspirée du Punk qu'un véritable genre musical à part entière.
Ce Rock que l'on croyait enseveli avec les "converse" de Kurt, les Stripes en maillots rouge et blancs viennent le réanimer à grands coups d'éléctrochocs de marque "Marshall" poussé au max'.
Après la séparation du duo, les projets du bon docteur Jack ne manquèrent pas et sa patte inimitable griffait ses différents groupes jusqu'au sang.
Le Rock "Old School" teinté de Folk et de Country, véritable "Americana" de chercheur d'or et belle exploration des "roots" profondes du terroir Ricain avec ses Raconteurs https://www.youtube.com/watch?v=7lL1CW140FQ.
Une approche plus underground et plus expérimentale avec les Dead Weather où la belle Allison Mosshart (The Kills) vient prêter sa voix gracieuse et son joli petit minois au projet https://www.youtube.com/watch?v=2KiXiIANgOQ.
Plus les nombreuses productions de ses groupes et de bien d'autres avec sa très lucrative et innovante maison de prod' "Third Man Record" où le grand Jack enchaîne les projets barrés ( camion de glaces transformé en disques "shop" itinérant, réédition de vieux Bluesman oubliés et fabrication de disques vinyles originaux et déjantés...).
Je me suis donc jeté sur le deuxième album solo du corbeau de Detroit malgré le goût un peu amer que m'avais laissé le premier ("Blunderbuss").
Un premier album sans grande surprise et un peu fadasse qui m'avait un peu refroidi façon seau de glace dans le calbar. On oublie ce petit faux-pas et on entre de plein-pied dans son second opus en solitaire.
Rentrer dedans !! C'est bien le problème de ce disque.
Les titres se suivent et finalement se ressemblent tous un peu, malgré quelques soubresauts un peu pêchus qui viennent chatouiller nos cages à miel tel : "Lazaretto", "Three Women" ou l'instru' " High ball stepper".
La suite de l'opus reste beaucoup plus anecdotique et s'endort paisiblement sur une route du Rock bien trop balisée et prévisible.
On en attendait plus de ce grand défricheur qu'est Mister Jack.
Quelques idées sont bien exploitées tel ce violon électrifié et électrifiant sur "Lazaretto", quelques relents d'Electro ici et là (Point trop n'en faut !) mais ces gadgets ne parviendront pas à nous sortir de notre léthargie sénatoriale.
Un disque clairement coupé en deux entre balades Folk et tentatives de Rock plus couillu, mais le mélange ne prend jamais. Mister Jack lèche un peu trop son album, le soigne exagérément.
Jack émascule son album. Il lisse beaucoup trop son son et lui coupe les couilles. Le grain (ce grain si cher au Jack "Stripien") a disparu, c'est une toile cirée où tout glisse et rien ne tâche.
"Lazaretto" est à l'image de sa superbe pochette : un objet froid et lisse.
Et soudain cette peur ! Voir le grand Jack White assis au milieu de ces statues, se rigidifier, se figer lui aussi.
Devenir froid, lisse, et sans âme comme ces anges de pierre.
Devenir une statue du Rock'n'Roll.
Devenir sa propre statue.
https://www.youtube.com/watch?v=qI-95cTMeLM