Quoi qu'on dise sur cet album visiblement très controversé, un truc aussi énorme que « High Ball Stepper » vaut sacrément le détour, ne serait-ce que pour son caractère purement instrumental, pour son riff ravageur ou pour son groove qui invitent autant au concert de rigueur qu'au pogo de concert.
« Just One Drink » & « Alone In My Home » sont de belles chansons, emplies de jolies mélodies au banjo, quoiqu'un peu fragiles peut-être, pleines de soul, de rêve, de blues et de violons country. Et paf, voilà qu'apparaît subitement au grand jour l'un des problèmes de Jack White : trop d'influences (?), et donc trop de dispersion(s). A l'image « d'Entitlement », trop éloigné d'un « Lazaretto » à la délicieuse sauce heavy-rock, avec un solo pourtant si puissant qu'il m'émascule à chaque écoute. Les morceaux, majoritairement d'obédience country, sont globalement bons, bien écrits, ok, mais apparaissent comme trop éloignés les uns des autres et participent malgré eux à cette incohérence d'ensemble, ce manque cruel d'homogénéité ...assurément.
Et pourtant, il y a autre chose... un soupçon de folie, une créativité débridée, une forme de fantaisie, comme sur ce riff répétitif prog-rock de « That Black Bat Licorice », que n'aurait pas renié Gentle Giant. Peut-être ce disque est-il finalement un lâchage en règle de toutes les influences, au combien riches, d'un Jack White libéré du corset trop étroit de ses anciennes bandes zébrées, blanches et rouges, carcant génial mais trop cadré, d'une liberté finalement trop limitée. Beaucoup de groupes (Raconteurs... ) ont accompagné, entre autres par leur simple fondation, la fin des White Stripes. Ici, beaucoup de chansons, par la prise de risques qu'elles suscitent (Le morceau éponyme, délicieusement hip-hop par instants...) viennent dire la soif de création d'un Jack White qui prend plaisir à jouer et à chanter, comme sur « Want And Able », et qui, par la diversité et la richesse des genres abordés, affirment l'identité musicale d'un auteur qui a recouvré une certaine intimité, qu'il dévoile ici au grand jour.
Suite logique de « Blunderbuss », élargissement de la palette de l'auteur, fructueuses collaborations qui témoignent d'une ouverture de tous les possibles (avec entre autres la production du dernier « Neil », rien que ça...), that's all right jack.
Blunderbuss en 2012, Lazaretto en 2014, et la suite en ...2016?
Hâte d'entendre ça... peut-être une reformation des Rayures blanches?
Pooo, po-po-po-po-pooo, pooo...