Lazaretto
6.7
Lazaretto

Album de Jack White (2014)

Le Monsieur en bleu frappe encore.

Il semblerait que l'on assiste ici à la modification d'une approche qui a fait ses preuves. Les précédents opus du musicien étant mixés très rapidement - dans le feu de l'action - pour un minimalisme optimisant la force et la " vérité " des morceaux, celui-ci bénéficie d'une gestation de plus d'un an et demi entrecoupée de pauses.

Si j'étais moi-même sceptique quant à cette nouvelle méthode - alors que l'opposée seyait si bien à White - je me vois forcé d'admettre que l'idée porte ses fruits. De la fraîcheur qui reste cependant fidèle au " songwriting " de l'artiste. Nourrissant son univers au lieu de le noyer : pari risqué mais tenu.

Le concept du dialogue entre le jeune Jack de dix-neuf ans et celui de quarante est aussi intéressant. Pour l'écriture de certains textes, l'auteur affirme s'inspirer d'écrits de jeunesse (poèmes, nouvelles ou autres) pour donner forme à des instrumentalisations déjà enregistrées plusieurs mois au préalable. Seule exception n’ayant pas nécessité de texte dans sa version finale : High Ball Stepper. On ne peut s'empêcher de noter une référence, un hommage, ou une interprétation personnelle du Surf Guitar dont Jack est si friand (au point de reprendre parfois en live Misirlou ou Nitro de Dick Dale).

Pour les autres références évidentes, on peut relever Just One Drink construite de manière semblable à la Peggy Sue De Buddy Holly. Hommage simple et efficace qui se fait dans un titre original et non une reprise. Les " covers " sont d'ailleurs absentes de Lazaretto (même si McTell est co-crédité sur une piste), démarche qu'il est important de noter, tant son rares les albums de White où il n'en figure pas à ce jour. White Blood Cells, Consolers of the lonely et Sea of cowards sont les seuls exemples qui me viennent en tête.
De plus, si l'on fait attention aux paroles de la piste d'ouverture Three Women et qu'on la compare à Lord, send me an angel ou à Three women blues (cette dernière étant ici " réarrangée ") l'auteur paye ses respects à Blind Willie McTell. La musique de Temporary Ground semble également tout droit sortie du Desire de Dylan, un album qu'affectionne particulièrement le monsieur en bleu.
Cependant et encore une fois, s'il s'appuie évidemment sur ses fondations, l'album a un goût de frais très agréable. Le style de morceaux comme That black bat licorice, I think I found the culprit, Would you fight for my love?, Three Women, n'était que plus ou moins ébauchés dans des titres antérieurs du répertoire White, mais sont véritablement aboutis ici. ( Je pense à Blues on two trees, I cut like a buffalo, Blue blood Blues, que je perçois un peu plus comme des " recherches " comparés aux nouvelles chansons.)
Et si White s'était déjà risqué à un chant " rappé " auparavant, il semble vraiment maîtrisé et original dans les pistes de Lazaretto concernées.

Un album véritablement riche et hétéroclite. Avec parfois de jolis morceaux de paroles (Would you fight for my love?, Entitlement, I think I found the culprit, Want and able...) et toujours une maîtrise et une sophistication étonnante dans un tel pot-pourri de Blues, funk, rock, country, folk, rap et j'en passe.

Jack White prouve avec ce sophomore - après un premier album solo que j'eu personnellement moins aimé - qu'il a toujours beaucoup à offrir. Il est fort ce type.
Nhoj
8
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Créée

le 10 juin 2014

Critique lue 585 fois

9 j'aime

Nhoj

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