Voodoo

Ils ont beau cultiver une patine attrayante à coup d’imagerie série B, enfiler les clichés, piocher des riffs à droite à gauche et s’ériger un son dantesque, il faut l’avouer: beaucoup de groupes surfs contemporains s’avèrent chiants à mourir sur disque dès le troisième morceau atteint. Car le folklore ne fait pas tout et en surf comme ailleurs la composition est indispensable.
Et ça, les bisontins Hawaii Samurai l’ont bien compris. Ninjas, Kaiju, masques, trame sonore SF fifties et fourbi océanique de rigueur en guise de vitrine, place à l’essentiel: les morceaux. Forts de nombreuses expériences, ces musiciens ont de la ressource. Aux habituelles textures gorgées de reverb et descentes de manche vertigineuses s’allient riffs garage et mélodies rock’n’roll. Résultat: Let There Be Surf comporte une pelleté de titres où se percutent les idées les unes derrières les autres.
Si certains morceaux remplissent le cahier des charges sans esbroufe ("Pacific Darkside", "Run Chicken Run", "Astrocrypt Hellsurfers"), à de nombreuses occasions la guitare se fait lyrique et tisse une mélodie évidente rendant les morceaux attrayants et immédiats. Un "Ride The Snake" aux effluves western, un "Our Favorite Martian" de Bobby Fuller (morceau très Man Or Astroman?) ou encore l’excellent et sautillant "Toxic Avenger" au riff garage imparable propulsent Hawaii Samurai en orbite des groupes surf. Parfois, même lorsque le groupe se contente de rester dans le surf pur jus, sur "Surf Or Die" ou "Surf'N'Destroy", le saxo vrombissant et les gimmicks utilisés suffisent à rendre les morceaux intéressants.
Il faut aussi préciser que l’énergie dégagée par le groupe est assez phénoménale. A fond dès le départ. Seule la rampante "Venus Polis" vient ralentir l’allure en cours de route. De fait, même sur les morceaux les moins intéressants, ce souffle attise l’attention et captive jusqu’à l’ultime morceau.
Ce premier album vient enfin d’être pressé en vinyle, comme il se doit. Plus d’excuse pour passer à côté...