L’histoire de Atlas Sound ressemble un peu à celle de Okay, autre miraculé de la musique. Victime d’une maladie rare, Bradford Cox, alors adolescent, est contraint de passer du temps dans sa chambre. Il trouve en la musique le moyen de s’évader et un moyen d’expression tout personnel. Il se crée un nom : Atlas sound avant de former un vrai groupe. Deerhunter a eu son petit succès d’estime mais Cox revient aujourd’hui à un projet solo, reprenant son nom d’artiste d’origine. C’est dire si ce disque doit être important pour son auteur. Et si l’histoire de Cox est touchante, son album l’est encore plus. Let the blind… est un rêve tout éveillé où les machines, les instruments divers et variés (harpe, orgue, marimba...), les objets du quotidien se fondent dans une même énergie douce et contemplative. Cox semble cherchait la lumière à tout pris.
D’ailleurs, on a parfois le sentiment de cligner en regardant le soleil en face (small horror), un scintillement sonore qui va au-delà du shoegazing et de ses guitares qui frisent, au-delà de l’electronica germanique façon Tarwater ; au-delà même de la new wave désincarnée façon New Order et de ses basses appuyées. Quelques pas de danse esquissés mais avec un minimalisme de poète joliment fainéant (est-ce des verres qui dansent sur Guarantined, un cœur qui bat qui donne le rythme de Winter vacation ?) et tout un monde artificiel recomposant une nouvelle nature. Tout pourrait sonner durement, avec fracas même mais Atlas Sound déroule sa musique dans un demi-sommeil, un monde entre réalité et onirisme où tout devient cotonneux à l’instar de la voix évanescente de Bradford Cox. Est-ce un Brian Wilson post-adolescent ou post-apocalypse ? On hésite entre les deux mais de toutes les manières, on fond de plaisir.