La mort. Voilà la teinte de cet album. La période de silence de Josh Homme s’expliquait bien par un détail, son coma temporaire sur une table d’opération, et le traumatisme bien compréhensible d’être confronté de manière directe à sa propre fin. “I Appear Missing” vous l’aurez compris est la pierre angulaire de cet album, l’incontournable autour duquel tout tourne, un astre lucide de sa noirceur, puissant, fort de sa propre expérience mortelle. Vous l’aurez compris, l’univers horrifique, mortel, fantaisiste d’Era Vulgaris va poursuivre son chemin, mais un autre ingrédient s’ajoute à ça, de plus en plus d’intimité, de vécu, nostalgie, du clavier, pas mal, ce qui donne des ballades figées dans un univers fantastique, irréel. “… Like Clockwork” fait quand même foutrement s’hérisser le poil, cette pop criblée par balles rouges de mélancolie électrique, c’est devenu un marque de fabrique, puisque depuis Rated R on retrouve ces morceaux qui franchissent les limbes de la tristesse, et "The Vampyre Of Time And Memory” est la version désabusée de cet état, le piano, le chant marquent ce dernier au fer rouge sur notre petit esprit, l’acceptation d’un frontière à la vie, l’impuissance face à ce gros mur bien noir auquel on se heurte. Mais le morceau dont l’inventivité m’a le plus frappé est certainement cette stupéfiante et psyché de “Kalopsia”, un décor presque Tim Burtonesque par l’imagerie, les nappes, et le fantastique encore plus prononcé, cette ballade est mon coup de coeur un peu incompréhensible de cet album, loufoque à souhait avec son refrain, et d’un coup si apaisant par la nappe de sons. La guitare n’est pas aussi tranchante et saturée, celle-ci est plus claire, moins confuse, comme si cet album remettait ses idées en place (excepté, ironiquement sur le refrain de “Kalopsia” hahaha). Il est d’ailleurs peut être moins spontané, mais plus travaillé, lissé, jusqu’à obtenir une très belle galette homogène. Ce qui nous marque c’est la lourdeur de la basse sur certains morceaux, la vraie faucheuse ici, c’est elle, et elle le fait savoir dès le terrifiant "Keep Your Eyes Peeled", ah, on retrouve bien du gros son stoner, de la période avant Era Vulgaris, hahaha presque, on retrouve un pont bien pop à la fin de celle-ci, délicieusement vulgaresque. Ah, et vous pensiez que c’était tout, que QOTSA abandonnerait le stoner pour de bon ? Nan, en bon fiancé qu’il est, le groupe revient faire du pied à sa belle sur “My God Is The Sun”, cette putain de basse en intro, cette batterie font déjà office de nuit de retrouvailles entre les deux, effrénée, passionnée, 3 minutes de chaleur californienne. D'ailleurs la fête n’est tout de même pas tout à fait terminée, tonton Josh et son groupe veulent profiter de leur bon temps ensemble, “Smooth Sailing” est parfaite de groove (tiens, ça aussi c’est une nouveauté), une ode à l’ébriété pleine d’audace et de classe, tu marches avec dans la rue t’es un putain de patron, petits regards en coin et sourires malicieux assurés hehe. “I Sat By The Ocean” ferait presque figure de single Indie des 2000’s tout joyeux, euphorique en format radio ! Les QOTSA sont certes mélancoliques, mais restent la bonne vieille bête fêtarde, vicieuse qu’ils ont toujours été. Evil has already landed hasn’t it ? ...