La première écoute le laissait présager, les suivantes l'ont confirmé : ce nouvel album de Blood Ceremony est un véritable blasphème à la sorcellerie. Le charme enchanteur et diabolique des trois premiers albums s'est effacé pour laisser place à une sorte de mélasse folk/pop/rock mièvre et désincarnée que l'on croise sans surprise dans les pages et les ondes les moins aventureuses. Passé le premier morceau qui reste dans la veine de ce que Blood Ceremony a pu offrir auparavant, Lord of Misrule laisse place à une succession de balades fades, molles et peu inspirées. C'est un vrai déchirement pour les fans de la première heure, de voir les sorciers que l'on connaissait et qu'on adorait se transformer en inoffensifs saltimbanques.
Il semblerait que les 4 alchimistes du groupe aient décidé de changer d'alambics sur un coup de tête, abandonnant leurs riffs d'un autre monde, leurs incantations maléfiques et l'atmosphère mystique qui teintaient leurs premiers méfaits. Certes, Blood Ceremony n'a jamais sorti deux fois le même album (passant d'un doom psyché à du stoner païen endiablé) mais c'est un groupe dont toute la magie réside dans l'âme et l'atmosphère occulte. S'il la laisse de côté pour composer un album passe-partout, le résultat ne peut-être que catastrophique.
Pourquoi ? Parce qu'Alia O'Brien est une sorcière possédée que l'on croise dans une clairière embrumée, pas une chanteuse de salon ; Sa flûte doit rester un outil rituel irréel, pas un accessoire crispant ; Parce que ses zicos sont voués à retranscrire la parole du diable, pas à devenir des folk-writers.
Si vous voulez découvrir Blood Ceremony, fuyez loin de cet album, enfoncez-vous dans l'épaisseur d'une forêt mystérieuse et laissez-vous envouter par un album de la trempe de Living with the ancient, qui vous fera chanter à tue-tête des invocations digne de Daughter of the Sun.