Le psychédélisme a ses fidèles, et partout à travers le monde des disciples font survivre cette frange musicale.
Depuis ce début de siècle, le genre connait un véritable renouveau. On peut ainsi parler d'une véritable sainte trinité. Aux Etats-Unis la nébuleuse d'Austin (Black Angels en tête) poursuit le travail du Brian Jonestown Massacre en produisant un psychédélisme du désert souvent à la limite du drone. En Australie, Kevin "Dieu" Parker, et la nébuleuse de Perth font revivre un psychédélisme plein de phaser, de palmiers et de soleil. Enfin en Angleterre, les Horrors et leurs enfants (Toy, Scum, etc…) privilégient un psychédélisme souvent ténébreux et shoegazien.
Les Horrors sortent leur quatrième album, et la chapelle psychédélique est en émoi. En 3 albums, les Horrors ont jusqu'à présent changé 3 fois de son. A leurs débuts (Strange House), ils furent gothiques, garage, et Freakbeat. Puis avec le deuxième album (Primary Colours) ils changent radicalement de son, se plongent dans les ténèbres et en sortent un classique instantané qui doit autant au "regardeurs de chaussures" de My Bloody Valentine qu'au Krautrock le plus obscur. Enfin, le 3eme album (Skying) parachève les experimentations musicales et introduit un peu de lumière dans une musique jusque là sans concessions.
Luminous 4eme album des Horrors, est annoncé par un premier morceau "I See You". Commençant par une ligne de synthé presque discoïde (coucou Georgio Moroder), le morceau déroule sa mélodie jusqu'à un final dantesque et un ouragan de synthétiseurs. Bluffant. Mais il faut reconnaitre que ce morceau est aussi le meilleur du disque. Résolument électronique, bourré de magnifiques synthétiseurs, l'album est lumineux et galvanisant. Le travail accordé au son est assez prodigieux et la production est reluisante. Seulement, pour la première fois de leur carrière, les mélodies sont aux abonnées absentes. Ce très bel écrin synthétique ne suffit pas à sauver des morceaux souvent redondants. C'est dommage. D'autant plus que certains morceaux sont excellents. Notamment ce "Chasing Shadows" introductif, à la rythmique chaloupée qui rappelle les Stone Roses. On peut aussi citer le très efficace "So Now You Know" qui reprend les choses, là où "Still Life" les a laissées. Ou encore la fin de "Sleepwalk" particulièrement lumineuse.
Les Horrors continuent donc leur évolution vers toujours plus d'électronique. L'évolution se fait cette fois-ci plus en douceur, et Luminous poursuit le travail amorcé sur Skying. Certains morceaux ("Jealous Sun") font même la synthèse avec la période Primary Colours. Mais le son ne fait pas tout, et les mélodies semblent moins marquantes que sur leurs précédents albums. Parfois interchangeables, les morceaux sont aussi moins bien construits. Mais ne prenez crainte, frères et soeurs de la chapelle psychédélique. Nos sauveurs restent loin devant la concurrence et ce n'est qu'un faux pas.
Gardons la foi