Initié à la base en 2001 par Vortigern (ancien batteur chez Spearhead, actuellement associé au projet d’Alexandros « I » Antoniou, The One) en tant que projet solo sous le patronyme Archaicus, Lychgate ne prend véritablement forme qu’avec la collaboration d’éminents spécialistes de musiques atmosphériques : Greg Chandler (Esoteric), Tom Vallely (Omega Centauri et auparavant dans le groupe Orpheus avec Vortigern), Aran (sans groupe depuis la disparition de ses Lunar Aurora et Trist).
Initialement voué à l’underground le plus endurci, certaines démos n’ayant jamais vu le jour, le projet Archaicus disparaît donc au profit de Lychgate qui enregistre ce premier album en 2012 pour une sortie en 2013 sous format CD chez Mordgrimm et vinyle chez Gilead Media.
Vortigern partage les instruments mais reste le seul maître à bord pour la composition, en instigateur du projet qu’il est.
Le musique de Lychgate est une sorte de black atmosphérique assez personnel, bien que franchement inspiré des maîtres norvégiens du black symphonique du début des années quatre-vingt-dix, à savoir Emperor et Limbonic Art ; notamment le premier dans la période Anthems…, avec cette même impression de chaos maîtrisé.
On est assez loin de la pâle copie, cependant. Les arrangements sont assez subtils et déroutants aux premières écoutes, car Lychgate appartient à cette nouvelle école du black metal qui s’oriente vers la recherche harmonique plus que vers la technicité et où la dissonance devient une raison d’être.
La touche Lychgate, c’est cet orgue joué par Vortigern et un certain F. Young en invité qui donne à la musique sa coloration atmosphérique et on a l’impression de se retrouver plongé dans l’univers du Fantôme de l’Opéra (idée suggérée aussi et surtout par les déguisements des protagonistes).
Le travail des guitares n’est pas en reste pour autant, et les mélodies aériennes souvent recherchées ajoutent une touche de raffinement supplémentaire. Là encore, un guest pour les (très bons) solos en la personne de S. D. L. Brimstone (inconnu au bataillon).
Au final, c’est à la fois très léger (dans le son) et relativement peu agressif, par contre très dense avec un spectre sonore axé sur les aigus et les médiums.
La section rythmique est à la hauteur du reste, riche, variée et précise.
Greg Chandler adopte le même chant que chez Esoteric, qui sonne ici très black du fait d’un traitement différent et de la quasi absence d’effets sur sa voix. C’est un régal de l’entendre s’époumoner avec autant de conviction.
L’album passe très vite, les morceaux s’enchaînent sans temps mort et on se rend compte qu’au final tout est subtilement dosé pour que l’auditoire en ait pour son argent.
Au final, un album qui se dévoile au fil des écoutes, d’une grande finesse et atmosphérique avant tout, comme on peut l’imaginer de la part des personnes impliquées.
Peut-être pas le chef-d’œuvre qu’on aurait pu attendre, mais un disque qui tend à se bonifier avec le temps.