Tunisiano veut marquer l'année
Il y a des groupes qui marquent la musique. Pour moi, Sniper fait parti de ceux là, avec notamment « Du rire aux larmes », un bijou d’album. C’est donc toujours un plaisir lorsqu’un des membres sort un projet en solo. Surtout quand c’est Tunisiano.
Depuis le départ de Blacko, Sniper n’existe plus vraiment. Tunisiano, avec Aketo, ont bien tentés de continuer l’histoire. Mais ils ont échoués. Ils n’auraient même pas du tenter, rare sont les groupes qui peuvent survivre au départ d’un membre. Sauf si c’était Menzo pour la FF, back in the days.
Bref, Tunisiano est back dans les bacs pour un second opus solo. Huit années après le très réussi « Le regard des gens ». Huit ans, c’est long, surtout à l’époque où certains sortent des projets comme des petits pains. Mais là il était temps. On était en manque.
Mais à croire que ça se mérite un album de Tunisan. Sa sortie est arrivée un an et demi après l’annonce du premier single, « Hurricane Carter ». Là encore c’est encore long, et je trouve dommage ce choix de l’intégrer tout de même dans l’album. En 36 mois, l’auditeur a pleinement le temps de retourner la chanson. Elle n’est pas mauvaise donc on ne vas pas faire la fine bouche. Surtout que l’album contient 18 vraies pistes.
On y retrouve de jolis featurings, avec notamment son comparse Aketo, le boug Ol’Kainry, la moitié d’Arsenik, Lino, qui revient aux affaires cette année et Youssoupha. Des noms connus et reconnus, et des titres réussis. Lino fait un festival lyrical, Dyfrey se pavane auprès des plus jeunes Sofiane et Vald. « Ils nous condamnent » avec Youssoupha est un dans le fond un très bon titre, mais la forme utilisée l’est elle, moins.
De toute façon, rares sont les albums avec aucunes pistes faibles. Cette dernière en fait partie, avec deux autres -dont « Je voulais un monde »- ce qui porte leur nombre à trois. Sur 18, c’est très peu. Et encore une fois, seule la forme est fautive -le mot est un peu fort car ils s’écoutent tout de même- dans ces divers cas. Le fait que ces titres soient plus chantés que rappés, avec des instru un peu plus faibles, un peu trop mielleuses, en font des musiques un peu plus faible dans leur construction.
Parce que le fond, Bachir maitrise ça à merveille. Que ce soit à l’époque de Sniper -la réponse à la polémique sur le titre « La France »- où sur son premier solo, « Le regard des gens », il nous a maintes fois prouvé qu’il pouvait parler d’un tas de sujets. Il ne tombe pas dans la caricature du rappeur dealer, accro au crack et aux putes. Non. Tunisiano lui, nous parle du sentiment de paternité. Et en plus, il en parle bien. Morceau encore plus touchant lorsque l’on est bien en couple avec la femme de sa vie, et qu’on a qu’une envie: faire comme Bachir, goûter à ce sentiment.
C’est sur, cela ne va pas plaire aux amateurs de rap hardcore. Mais du sale, il sait en faire aussi Tunisiano. Il sait faire ce rap qui décoiffe. « Val de Zoive » avec Lino est un très bon exemple. Les deux rappeurs se renvoient la balle et nous offrent un joli match où le grand gagnant, c’est l’auditeur. Pas seulement sur ce titre là, non. Sur tout l’album.
Un style qui oscille à merveille entre new et old-school, des morceaux chocs et des textes riches; Tunisiano est à mi chemin entre un poète et un tireur d’élite. Une chose est sûre: son tir est direct et précis.