Matita Perê ou l'art de raconter des histoires par la musque. L'album de Jobim s'ouvre sur l'air bien connu d'"Aguas do Março". La version avec Elis Regina de ce chef-d’œuvre est sans doute plus connue, mais cette version-ci gagne à être connue, et plus je l'écoute, plus je lui trouve un charme unique. Cette ouverture magistrale laisse place à la douceur et la profondeur d'Ana Luiza, amorçant tendrement le développement narratif de la musique. Arrive à "Tempo do Mar", la voix disparait, et laisse parler la musique d'elle-même. L'orchestration est riche et raffinée, les harmonies sont créatives et bien senties. "Crônica da Casa Assassinada" correspond à un nœud, un paroxysme dramatique longuement développé, et met l'auditeur aux aguets, pendant dix minutes intenses. "Rancho das Nuvens" vient le rassurer. Arrivé à la fin de l'album, après "Nuvens Douradas", on a l'impression d'avoir écouté un film passionnant. Une expérience immanquable.