Quel est le point commun entre la Trêve, JC Van Damme et un bicky burger ? Ce sont des produits américains revus à la sauce belge. Il aura donc fallu attendre de se la jouer oncle Sam pour qu'une série belge fasse du bruit. Dommage, parce que c'est finalement ce marketing esthétique qui pose le plus de problème dans cette création du reste plutôt bien maîtrisée.
Tout de même, il faut faire un effort pour supporter ce générique tout droit plagié de True Detective et ces vues aériennes des Ardennes bonnes à faire grimper le taux de suicide du dimanche soir. Mais passé le premier contact, passés les premiers emprunts éhontés à True Detective (j'insiste), cette musique trop envahissante, cette mise en scène parfois un peu lourde, on commence à découvrir une histoire bien écrite et une interprétation correcte, parfois très bonne, plus rarement excellente - ce qui est beaucoup pour un pays comme la Belgique où le cinéma est livré à lui-même, heureusement soutenu par l'historique vivacité de son théâtre (malgré l'inertie, voire la mauvaise volonté politique en la matière, mais passons).
Alors évidemment, tout Belge se délecte que d'autres Belges parlent de son pays - qui plus est en des termes non parodiques, non auto-dérisoires. "C'est très rare", comme disaient les Snuls. C'est aussi, peut-être, une dérive de l'époque qui tend à oublier les piliers de notre culture et en même temps un réflexe salvateur face aux tentatives de récupération française. C'est surtout une manière de dire que nous sommes capables de faire de la TV convenable tout seuls sans les petites roues, ce que jusqu'ici la RTBF semblait de plus en plus démentir...
Bref, je suis loin de mon sujet. La Trêve vaut la peine d'être vue, bien avant ces considérations politiques, pour sa qualité d'écriture, son suspense réel, et ce, malgré ses lourdeurs esthétiques et son style un peu emprunté (le mot est à prendre dans toutes ses acceptions).