Un jour, dans les années 1990, j'effectuais un long trajet en voiture, seul, la nuit. Pour passer le temps, j'avais mis France Musique et étais tombé sur la retransmission d'un concert, je ne sais plus où, d'une chanteuse dont je n'avais d'ailleurs pas vraiment compris le nom. Et j'ai été absolument scotché à cette voix qui semblait provenir de temps immémoriaux et m'absorbait ou pénétrait complètement. Au point que quand le concert s'est terminé, c'est comme s'il y avait eu un soudain vide terrible dans la voiture ...
Le lendemain, toutes affaires cessantes, je suis allé chez un disquaire (à l'époque il en existait encore) avec les bribes de nom que j'avais compris à la fin du concert : Ah mais, Monsieur, vous voulez certainement parler de Sœur Marie Keyrouz !!!.
C'est comme ça que je me suis procuré le premier album de cette grande dame dont je dois aujourd'hui pratiquement tout avoir. Et je suis encore aujourd'hui fasciné par cette voix qui semble s'adresser ou rechercher ce qu'on a de plus caché ; j'ai lu un article la concernant dans lequel on parle de "frisson mystique"... Bon.
Je me suis même fait un CD où j'alterne les morceaux de "Kind of Blue" de Miles Davis et d'un des albums de S.M. Keyrouz. L'effet est assez réussi.
Sœur Marie Keyrouz est une religieuse chrétienne maronite libanaise que la guerre fratricide de son pays a meurtri de tous temps.
Elle s'accompagne d'un orchestre "l'ensemble de la paix" composé de musiciens et de choristes de plusieurs nationalités et religions "illustrant son désir de paix, d'universalité, de tolérance et d'œcuménisme".
Cet album "méditations d'orient" est un des plus profonds que je lui connaisse. Les paroles sont la plupart du temps des extraits de paroles liturgiques chrétienne maronite ou syriaque ou encore araméenne. Ici, il y a un très long morceau dont les paroles sont basées sur un poème de R. Tagore.
Mais très honnêtement, je ne m'intéresse qu'à sa voix qui est extraordinaire et la mélodie associée et pas du tout à la signification des paroles.
Cet album se distingues des autres car il y a un savant mélange de musique orientale et de musique occidentale rendant l'album peut-être plus accessible à toutes les oreilles.
Il faut entendre en particulier les sublimes morceaux "Ya Mariam" et "Aboun Dbashmayo" (Notre Père)
Au fait, je ne l'ai pas dit mais je suis complètement athée et donc pas du tout concerné par la signification liturgique ou religieuse.
Et pourtant, j'adore.