Mercy par Christophe Muller
Pas de bol, j'ai découvert Planes Mistaken For Stars lorsqu'il était sur le point de se séparer après 10 ans lors desquelles ce quatuor américain originaire de l’Illinois a offert une poignée d'opus et a écumé les salles à travers les Etats-Unis et quelques-unes dans d'autres pays, accompagnant des groupes plus connus tels que Converge ou Mastodon. Comme raison, il a été annoncé des obligations familiales, financières, etc., mais cela ressemblait plus à une sorte de capitulation, que l'on peut aussi appeler gâchis faute de promotion correcte. Encore quelques dates au pays d'Uncle fucking Sam, et leur tournée d'adieu s'est terminé en février 2008 à Denver (leur base depuis 2000), les dates européennes ayant été malheureusement annulées... ce qui est d'autant plus dommage qu'ils ont toujours bénéficié d'une très bonne réputation scénique, ce qui nous aurait aussi permis de ce côté de l'Atlantique de leur dire au revoir en bonne et due forme.
L'occasion a également été choisi pour sortir un album regroupant tout ce qu'ils avaient sorti durant leurs quatre premières années d'existence, une compilation intitulée "We ride to fight" (mots tirés d'une de leurs premières compositions). Mais ce n'est définitivement pas la meilleure façon de les découvrir pour ceux qui seraient tentés, car les compositions n'étaient pas encore assez personnelles, un style vraiment propre au groupe n'ayant alors pas encore été trouvé. Après un premier album en 2001, "Fuck with Fire" (sous-titré "Get burned"), la violence canalisée donnera deux grands albums : "Up in them Guts" (2004), puis ce chant du cygne qu'est "Mercy" en 2006, produit par Matt Bayles qui a travaillé avec Botch, Isis ou encore Mastodon.
La voix de Gared O'Donnell est éraillée, caractéristique qui s'est accentuée avec le temps, comme à force de passer trop de temps dans des bas-fonds à enchaîner les cigarettes et l'alcool (avec une prédisposition au whisky). Mr. Self-destruct ? La musique s'est en tout cas assombrie pour aller à l'unisson avec une volonté d'exprimer une véritable catharsis. Auto-critique, sentiment de perte, colère... L'ambiance n'est certes pas à la gaieté, mais est loin de se vêtir d'apparats misérabilistes : il n'est pas question de s'apitoyer pour faire dans le fashion. En lieu et place de mèches rebelles, il serait plutôt question de cheveux gras sur lesquels finirait par s'abattre un tabouret de troquet.
Ecorchés ou dépravés, pour le chanteur et ses camarades, c'était avant tout une nécessité : "C'est comme quand tu te forces à vomir, parce que sinon tu sais que tu ne vas pas te sentir bien de toute la journée." dixit Gared... Une approche particulière qui ne leur accordera pas une reconnaissance suffisante, pourtant amplement méritée ; certainement pas assez violent pour certains, et trop sombres pour d'autres. Il reste éventuellement à attendre des nouvelles, que j'espère bonnes, de ce qui émergera de ces cendres ; l'album "Year One" de Hawks and Doves est un bon début.
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