D'un raffinement exquis

On touche au sacré, au magnum opus de mon panthéon personnel (ou du moins à l'un d'entre eux), à un objet si fascinant qu'il est difficile (et qui le voudrait d'ailleurs ?!) de s'en détacher après le premier contact. Aujourd'hui nous parlons de Metro.

Qu'est-ce-que c'est que ça, Metro ? Eh bien, c'est un groupe formé par trois individus en 1976, année des prémices au mouvement punk. C'est un disque assez mystérieux, et les infos sont assez rares à son sujet. Il est certain que vous ne trouverez pas Metro dans les tops-albums de Rock&Folk ou Rolling Stone, mais là est, je vous assure, sa place légitime.

Peter Godwin en est le chanteur, il virera New Wave plus tard dans sa carrière. Il a participé à la co-écriture de la plupart des titres de Metro, dont "l'étendard" du disque, "Criminal World". Il est toujours en activité, il a d'ailleurs ressorti un single pas plus tard que l'année passée (You!).

Duncan Browne en est l'instrumentiste principal. Une légende que ce M. Browne, parfois la vie semble s'acharner à contraindre de splendides étoiles à devenir d'éphémères comètes, il en est l'exemple parfait. Il a sorti un remarquable album de pop en 1968, Give Me Take You, sur le label d'Andrew Loog-Oldham (premier manager des Stones), Immediate, quand celui-ci était en train de se casser la gueule. Il n'a jamais connu le succès, et cela est vraiment affligeant, car nous parlons ici d'un musicien complet et d'un artiste accompli. Ecoutez Give Me Take You, et vous aurez une idée! Il était ami avec Colin Bluntstone, lead singer des Zombies (Odessey & Oracle), et a travaillé sur les opus solos de ce dernier. Diagnostiqué d'un cancer, il décède en 1993.
Il joue de la plupart des instruments sur Metro, notamment de la guitare acoustique, on reconnait son jeu assez particulier, très pop et mélodique, sur tout l'album.

Sean Lyons en est le lead guitarist, et c'est à peu près tout ce qu'on sait sur lui. Notons également le travail exemplaire de John Gibbins à la basse et de Simon Phillips à la batterie.

Metro, Metro, qu'est ce que Metro ? C'est un groupe, certes, comme on l'a vu, mais c'est également le nom de leur premier album, une pure merveille indescriptible et difficilement classable. C'est à la fois sous influence Beatles, Velvet, Floyd et Bowie, et tout à la fois. On a fait pire n'est ce pas ? C'est d'une classe absolue, et les écoutes deviennent à chaque fois plus agréables.

Il est classé sur Discogs comme de l'Art Rock, du Pop Rock, du Prog et du Glam, rien que ça! Un disque réunissant en son sein un tel écrin de styles, difficilement croyable hein ?

L'album et le groupe sont surtout connus pour la chanson "Criminal World", qui sera reprise en 1983 par David Bowie en une version bien plus lisse et "commerciale" sur son album Let's Dance. Cependant, arrêter l'affaire à cette unique chanson serait une bien grossière erreur. Nous avons le droit ici donc à de la pop beatlesque ("Precious", "Paris"), à de la réminiscence Pink Floyd du temps d'Atom Heart Mother ("Flame") et à des influences du Velvet Underground époque John Cale (Black Lace Shoulder et son remarquable violon joué par Graham Preskett).

La voix particulière de Godwin mêlée au talent pop de Browne donne un OMNI (objet musical non identifié) absolument captivant. Il n'a pas connu le succès à l'époque, ce qui est assez étonnant car il avait vraiment tout pour plaire à différents publics, tout en gardant une signature lui étant propre, le tout porté par un single d'enfer ("Criminal World"), single qui sera d'ailleurs interdit d'antenne à la BBC, pour cause de contenu sexuel, sacrés anglais ...

Mention spéciale à la chanson "Precious", qui, comme le titre ;), est d'un raffinement exquis. "One Way Night" et son piano mélancolique est également plus qu'honorable. C'est un terrible bonheur d'écouter Metro, terrible bonheur renouvelé à chaque fois que l'on sort le disque de sa pochette, qu'on le pose sur la platine et que l'on dépose délicatement le saphir sur son bord.

Après l'échec de cet album, Duncan Browne s'en ira vers d'autres expérimentations, tandis que Godwin rempilera pour deux de plus, sympathiques mais pas quintessentiel comme ce premier opus. Une merveille, en CD et vinyle (à quand une sortie en streaming?!)

Ecoutez Metro, et vous verrez.

Precious, par Metro

Metro, full album ;)

Don't think that you have to surrender, just because it's the edge of the night