Mishka a quelque chose d'énervant.
Peut-être est-ce à cause d'une nonchalance qui transparait dans sa voix, à sa façon de répéter trop souvent le mot babe ou les yeah un peu trop cool pour être cool.
Ou alors c'est pour le jeu de guitare trop simple pour pouvoir mettre en avant ses qualités de musicien.
Toujours est-il qu'on l'imagine assez bien monopolisant l'attention des jeunes filles en fleur dès qu'il faut sortir 3 accords de guitare sèche autour d'un feu de camp sur une plage isolée qui serait devenue le domaine des surfeurs.
Survendu au moment de sa sortie par un dossier de presse qui insistait plus sur la généalogie du chanteur (frère de Heather Nova, alors au top de sa popularité), sur son cadre de vie (les Bahamas) ou sur ses talents de véliplanchiste (ou Windsurfer, si vous ne me trouvez pas assez cool), cet album qui porte le nom de son auteur passerait presque, avant écoute, pour la manifestation d'un égo un peu trop gros pour qu'on s'y intéresse.
Pourtant, dès qu'on pose des oreilles un peu plus attentives, on s'apperçoit qu'il est bien difficile de ne pas accrocher à la simplicité, la cohérence et l'équilibre de l'ensemble : les mélodies sont simples mais pas simplistes, la voix et la manière de chanter font très reggae, mais se posent sur des instrumentaux plus portés sur de la pop/folk sobre mais pas dépouillée, et la production est suffisamment variée pour éviter la répétition (quelques nappes de voix sur Out The Door, un solo d'harmonica bien mené sur One True, les notes plus reggae sur Lonely).
Du coup, quand on est dans ce genre d'atmosphère, il n'y a pas vraiment de raison de bouder son plaisir.
En plus, pour peu qu'on ait de quoi amplifier un lecteur mp3 et que personne n'a pensé à ramener sa guitare, on peut sans vergogne passer cet album autour d'un petit feu de camp et attirer ainsi sur nous l'attention des jeunes filles en fleur...