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Monster
6.5
Monster

Album de Steppenwolf (1969)

Un chef d'œuvre à réécouter/réhabiliter de toute urgence!

Tout le monde connaît Steppenwolf sans vraiment les connaître...pour beaucoup le groupe ne doit son statut de groupe "culte" que grâce à son méga tube mythique "Born to be wild" ou, à la rigueur, son premier disque sur lequel on retrouve cette fameuse chanson qui reste à ce jour un excellent album de rock/blues/psyché représentatif de ce qui se faisait de mieux à l'époque. Oui mais voilà il va falloir songer à élargir un peu sa culture musicale et redonner sa chance à Steppenwolf...voir même lui donner sa chance tout court car, non, Steppenwolf n'est pas le groupe d'un seul album et encore moins d'un seul tube (et à la limite je crois que je préfère encore "The second album" au premier éponyme...plus audacieux). Et le mieux pour redonner sa chance à "Steppenwolf" c'est d'écouter ce qu'ils ont fait de mieux tant qu'à faire et contrairement à ce que laisserait à penser la quasi absence de publicité dont jouit ce disque c'est un véritable chef d'œuvre et un diamant noir méconnu de l'histoire du rock.


J'en discutais récemment avec mon disquaire (spécialiste de musique et de Steppenwolf notamment) et il est clair que non seulement Steppenwolf ce n'est pas que "Born to be wild" mais surtout...c'est "Monster" et mille fois "Monster" c'est clair! Comment dire...ce n'est pas que le reste de la discographie du groupe soit indigne ou inintéressante...les deux premiers albums sont d'excellents efforts savoureux contenant des moments de grâce et de fulgurance...mais ces moments sont parfois tempérés par quelques trucs un peu plus anodins (il faut bien le reconnaître). Mais...franchement...sur "Monster"? Vous en voyez vous du superflu ou de l'inintéressant? NON, c'est tout le contraire même! "Monster" est un album monstrueux (c'est vrai en plus, pas besoin d'ironiser sur le titre du disque) : -Monstrueux pour sa production (qui n'a jamais été le point fort du groupe...leurs albums mériteraient d'ailleurs sévèrement d'être remastérisés...même si "Monster" s'en tire bien par rapport aux autres). Dès le commencement, tout sonne fort et caverneux...la pochette qui montre le groupe dans une espèce de caverne est assez évocatrice du lieu dans lequel il semblerait que le groupe ait enregistré l'album. Je ne sais pas trop quelle a été la méthode d'enregistrement mais par rapport aux autres albums les parties instrumentales sont mieux mises en avant et résonnent particulièrement bien...la batterie possède un son ample et lourd, la guitare gronde, la basse est puissante et la voix rauque à souhait du chanteur illumine (paradoxalement) les sept compositions qui jalonnent la galette. -Monstrueux par ses compositions (et c'est ça le plus important). Jusqu'à présent Steppenwolf n'avait sans doute jamais accumulé autant de trouvailles en terme de structures et d'exploration musicale à proprement parler...exit l'influence "hippie" légèrement sous-jacente parfois sur les trois premiers albums du groupe...ici Steppenwolf sonne lourd et gras...bien gras! Le tryptique d'ouverture "Monster" (composé de trois morceaux qui s'emboitent et se répondent mutuellement : Monster/Suicide/America) est un bijou digne des groupes de rock progressif les plus inspirés de l'époque. La mélodie candide et acide du premier titre (et ses paroles dénonciatrices qui passent au crible l'Amérique de son passé colonial jusqu'à sa politique de répression en passant par son système ultra libéral et inégalitaire...) laisse aussitôt place à un "Suicide" central qui instaure un pont lourd et lugubre où le rythme se ralenti et se fait menaçant avant d'exploser dans un final sublime "America" cynique et cinglant à souhait faussement lumineux avec ses chœurs féminins qui semblent remplis d'une aigreur remarquable et célèbrent l'Amérique de manière fausse et sarcastique à souhait. Rien que de parler de ce premier brulot progressif j'en frissonne...le mieux encore est de l'écouter si ce n'est pas déjà fait...il dure 9 minutes environ...9 minutes de perfection musicale : d'un rock bluesy et progressif plein de puissance qui prend vie à la manière d'une fresque musicale éblouissante...au niveau qualitatif on peut carrément dire que le groupe côtoie les Doors dans un style similaire (le spleen en moins).


Il ne faut pas croire que les 9 premières minutes sont trompeuses...non...la suite est loin d'être indigne de cette première frappe cosmique...et certainement pas "Draft resister" qui vient prendre le relais de la plus belle manière qui soit! Ce titre est un joyaux...peut-être mon morceau favori du groupe : John Kay n'a peut-être jamais aussi bien chanté de toute sa carrière (sa performance sur cet album est tout simplement bluffante...), sa voix rauque (limite gutturale) et pourtant étonnamment mélodieuse emporte tout sur son passage et la rythmique quasi-martiale alimentée par une atmosphère sonore caverneuse viennent parachever l'édifice d'une façon extraordinaire. On aura beau chercher des titres faibles ou plus dispensables ici on aura bien du mal à en trouver (à la limite "What would you do" donne dans un rock un peu plus conventionnel et léger mais demeure suffisamment nerveuse pour ne pas dénoter avec le reste de l'album). On retiendra en particulier ce "Move over" qui tient lieu de boogie rock à la rythmique plombée et endiablée à la fois sur lequel le groupe fait montre d'une force de frappe et de conviction incroyable...jamais le groupe n'aura sonné aussi "vrai" que sur cet album, on sent clairement qu'on a affaire ici à un grand groupe arrivé à maturité qui a la parfaite maîtrise de son talent et qui est parvenu à une espèce de perfection esthétique tout en dégageant une aura remarquable. Fait exceptionnel : le groupe se permet même de caser un instrumental très étrange et fort bien fichu arrivé au dernier tiers du disque ("Fag"), un titre unique composé de parties de claviers et de piano assez décadentes et jouées de façon décalées (il me semble qu'en solfège on appelle ça jouées en "contre-temps"). Le dernier titre "From here to there eventually" achève l'album sur une note presque aussi aigrie et faussement joyeuse sur son refrain lumineux et mélodieux que le morceau-fleuve d'ouverture, la boucle est donc bouclée.


Dépourvu de faiblesses véritables, court mais intense (33 minutes seulement...c'est peu par rapport aux albums précédents), d'une cohérence et d'une consistance redoutable..."Monster" est un chef d'œuvre injustement oublié de l'histoire du rock que vous devez absolument écouter ou réécouter...le sommet d'un excellent groupe de rock qui aura marqué son époque...à mi chemin entre un "Morisson hotel" et un "LA Woman" au niveau qualitatif...c'est à dire entre le quasi-divin et l'absolu inatteignable. Une belle claque à laquelle je ne m'attendais pas forcément après toutes ces années de découvertes!

Venomesque
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le 11 mai 2021

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