Si je devais choisir un groupe qui m'a réellement mis une claque dernièrement, je choisirai sans hésiter C R O W N. Découvert en ouverture d'un concert d'Agalloch sur Paris, C R O W N m'avait agréablement surpris, proposant un show froid mais envoûtant, puissant, martial...
Peu de temps après, je me mis à écouter leur album "Natron", à la cover sobre, épurée mais plutôt jolie. Que dire de ces frenchies qui se qualifient de "Industrial Sludge Doom Drone Electro Psyche Progressive Music" et qui désignent comme influences des groupes de la facture de Black Sabbath, Neurosis, Sunn O))) ou encore Godflesh ? Mélange ô combien indigeste ou coup de maître réussi ?
Sans forcément être un adepte des mélanges de tout et n'importe quoi, je dois avouer que ce "Natron" a éveillé en moi une certaine curiosité qui s'est vite décuplée et changée en addiction pure et dure à la musique de ce trio bien de chez nous. Composé de 3 guitaristes et d'une machine (selon leurs dires), le groupe propose un savoureux mélange de rythmiques bien lourdes, de batterie programmée aux allures martiales et d'un doublon de voix claire/criarde assez jouissif.
Le côté martial évoqué quelques lignes au dessus se ressent dans cette batterie (programmée donc aucun réel batteur dans la formation) très brute, rappelant les marches rythmées des militaires, amenant un côté un peu industriel à la musique de C R O W N, en particulier sur des titres comme "Serpents" qui ouvre formidablement bien l'album ou encore "Aprea" où la voix posée mais très sombre viendra embellir le morceau de la plus belle des manières (rappelant un petit peu Tryptikon sur la chanson "Shatter"). Les trois guitaristes ne se démarquent pas forcément les uns des autres (les lignes de guitares doivent être sensiblement les mêmes, à quelques exceptions) mais permettent d’alourdir la musique, de la rendre plus compacte afin de la marier aisément avec la batterie.
Si le début de l'album amène un schéma de construction de morceaux assez simple (assez flagrant sur les deux premiers titres), c'est à dire une variation constante entre partie lourde et violente d'une part et partie plus douce de l'autre, la suite de l'album propose quelques variations très intéressantes et rafraichissantes. "Fossils", par exemple, s'ouvrant sur une intro électronique, propose un moment de douceur pure et dure, avec une voix envoutante rappelant un peu Wovenhand dans une certaine mesure ou encore "Flames" qui termine l'album de la plus belle des façons, avec un côté Neo-Folk loin d'être déplaisant.
La voix plus criarde, plus violente est également impressionnante : elle prend aux tripes, on ressent une conviction, une certaine haine mais aussi une certaine douleur dans celle-ci. Les parties plus sombres de l'album n'en deviennent que plus pertinentes et accrocheuses, en particulier sur "Wings Beating Over Heaven" qui, suite à une partie acoustique magnifique, se finira sur un déluge de blast où se greffe une voix déchirante, typiquement Black dans l'âme.
L'album est, d'une certaine manière, assez homogène et, paradoxalement, assez varié pour ne pas que l'ennui apparaisse lors de l'écoute de celui-ci. 49 minutes de plaisir auditif qui prouve que la France n'est pas représentée que par des groupes lambda, conformistes au possible à l'instar de.. non je ne le dirai pas, à vous de chercher. A écouter sans modération !