Near Death Experience par Joro Andrianasolo
Est-ce au nombre de suiveurs/pâles copies que l’on reconnaît la marque des grands ? Le death mélodique a fait son chemin, a engendré des milliers, voir des centaines de milliers d’adeptes. Tellement qu’il faut prendre avec des pincettes chaque nouvelle formation se disant héritière du genre, la proportion de daubes étant très élevée. Le postulant du jour nous vient d’Espagne …
Ouh les vilaines guitares toutes dark qui font trop peur … Bonjour l'intro cliché. Encore un énième bâtard d’At The Gates incapable de prendre une quelconque distance vis-à-vis des habitudes de Papa. Tout ici transpire Slaughter of the Soul. Sur le papier, ils nous jouent la carte de l’hommage avoué au son Göteborg. Concrètement, c’est une copie carbone. Absolument aucune personnalité chez ces descendants espagnols de Tompa et sa bande. Mais qui dit copier-coller, sous-entend aussi que ce qui fait le charme du modèle original est au moins en partie préservé. C’est ainsi qu’on retrouve des très bons moments comme le bien nommé "Violent Intentions", hyper rythmé, introduit en grandes pompes par un combat de gladiateurs et conclu par de jolis arpèges de guitare sèche. On retrouve d’ailleurs pas mal de samples et d’outro mélancoliques dans ce style là. Ce n’est pas assez bien sûr, toute la scène melodeath européenne/américaine ou même les suiveurs du metalcore nous ont déjà servi cette recette à toutes les sauces.Le reste du temps, c’est plus ou moins efficace, mais bien trop familier pour quiconque a déjà posé ses oreilles sur du death mélodique suédois.
Les petits excès d’agressivité n’y changeront rien ("Fallen Angel of Death" et ses roulements de double ravageurs qui aurait pu faire un bon archétype à suivre, les blasts-beats de "A Cry for Terror"). Et que dire de cet instrumental “Holloworld” pas dégueu mais vraiment trop proche d’un "Wayfaerer" et autres "Dialogue with the Stars" signés In Flames, vieille époque. Les guests Marios Iliopoulos (Nightrage) et Anders Björler (The Haunted et tiens quel hasard, At The Gates) venus placer leurs solis de guitare ne pourront guère relever le niveau d’un album ultra-générique ... quoi que celui très rock’n roll de Marios est plutôt bien foutu mais noyé dans un morceau un peu téléphoné. Darkness by Oath ne pourra pas s’attendre à un accueil chaleureux de la part du public ciblé, le terrain a déjà été largement défriché il y a trop longtemps. Plus de 15 ans de retard ça se pardonne difficilement. Avoir Dan Swanö aux manettes n’est pas gage de qualité, mis à part celui d’un son nickel et c’est peut-être sur ce seul point que le groupe est inattaquable … ou finalement non, la basse est inaudible, même sur ça ils ont foiré.
Que pourrait-on conclure à leur sujet ? Qu’ils se sont tiré une balle dans le pied en posant dès le début comme postulat « Gothenburg tribute ». Cette route là est aujourd’hui impraticable, bouchée de toutes part avec ses milliers de clones venus des quatre coins du monde. Être espagnols n’y changera donc pas grand-chose tant ces messieurs refusent de s’éloigner ne serait-ce qu’un peu du style pratiqué par leurs aînés. Ca fait 3 albums que vous faites ça les gars, une remise en question s’impose non ?