Nothing Lasts… But Nothing Is Lost par Benoit Baylé
Nothing Lasts... est l’album de Shpongle le plus difficile à appréhender pour le néophyte. Ces 67 minutes ininterrompues divisées en 20 morceaux reprennent les ingrédients déjà répendus ça et là dans les deux précédentes œuvres du duo. A l’origine, ce troisième effort devait être le dernier. Le temps aura donné tort à cette envie de Raja Ram et Simon Posford de cesser l’entreprise Shponglelienne, puisqu’un quatrième fut achevé en 2009 et qu’un cinquième est en cours d’élaboration. L’écoute attentive de Nothing Lasts… laisse entrevoir les raisons de cette possible fin de règne du duo sur les musiques downtempo.
Les rythmes sont moins frappants, moins touchants et mémorables que sur Tales Of The Inexpressible. Le mysticisme exotique propre à Shpongle est toujours présent mais il est phagocyté par un manque de cohérence flagrant. Là où l’album précédent parvenait à rendre la folie rationnelle, car structurée autour de morceaux définis et de thèmes marquants, les vingt parties de cette troisième fournée sont bien moins remémorables et bien plus foutraques. L’auditeur se retrouve confronté à une imposante nébuleuse de sons issus d’un peu partout et de nulle part, emprunte d’une continuité formelle certes, mais pas artistique.
Individuellement, certaines mélodies peuvent attirer l’oreille, comme la brésilisante « Levitation Nation » ou l’arabisante « When Shall I Be Free? ». Malheureusement leur portée est limitée, partant du principe qu’elles sont encerclées de l’amas diffus que représente le reste de l’album. Nothing Lasts… But Nothing is Lost apporte quelques bons moments mais ils sont rares et imprécis ; cela conviendra peut-être à l’auditeur distrait, mais pas plus. Paradoxalement, il s'agit de l'album le plus court de Shpongle, même si en substance, il apparaît comme le plus long. En attendant la surprise, 4 ans plus tard, d’Ineffable Mysteries From Shpongleland.