J'ai la vague impression que la oi! ne figure pas en bonne place sur ce site. Normal, la oi!, c'est une musique de prolos, et la critique, un luxe bourgeois (enfin, ça l'est devenu, car dans les années 1980, il y a eu quelques fanzines quand même, même si je ne les ai pas connus et que c'était, forcément, de la diffusion locale). En plus, c'est un style qui, il faut l'avouer, a été pas mal "gangréné" par de l'idéologie d'extrême droite, entre autres trucs difficilement présentables. Tout comme le mouvement skin (mais loin de moi de vouloir disserter sur celui-ci, je n'en fais pas partie mais pour ce que je capte, les "vrais" ne sont pas ceux qui veulent le faire croire à tout un chacun).
C'est donc dans un esprit de gentille provocation que je rédige cette critique d'un album qui fit date dans la oi! allemande (il y aurait beaucoup à faire sur la oi! française, mais je le laisse à d'autres, justement parce que ça me ferait mal de davantage faire de celle-ci un objet de distinction, de "connaissance raffinée" : cette critique s'adresse à ceux qui s'intéressent au punk en tant que genre musical et/ou à la musique germanophone).
Volxsturm est un groupe de la côte nord de l'allemagne qui a commencé sa carrière peu après la réunification, dans un esprit de déconne et de légèreté outrancière caractéristique de tous les bons groupes de oi! - le nom choisi faisant référence à un projet de sursaut patriotique (incluant la militarisation des civils) par le moustachu problématique à l'aube de la défaite.
Pas ici de bourrinage instrumental ni de virilisme vocal appuyé, c'est de la oi! format accessible musicalement parlant. Pas de "coloration" particulière, c'est une des choses qui en fait un classique. Politiquement, on est d'ailleurs dans le sharp : on se moque des cocos comme des fachos, on revendique une identité populaire, l'unité avec les keupons, et par dessus tout, l'amour de la musique. On n'hésite pas à faire dans le graveleux, comme avaient su le faire certains groupes français une décennie avant ; aujourd'hui mis à l'index pour ambiguïté politique ou lèse-féminisme, et cela pourrait être le cas de la chanson "Irgendwann", qui est en quelque sorte une version plus aimable de "salope" de Reich Orgasm - allergiques au second degré, s'abstenir.
Mais ce qui fait la richesse de cet album, justement, c'est son côté équilibré : festif et subculturel sans excès, débile à souhait mais avec une certaine intelligence (par exemple un certain éclectisme dans ses clins d'oeil à la culture punk allemande, à une époque antérieure à l'étiquette "deutschpunk" : deux chansons sont des reprises de groupes ouest-allemands issus de la génération précédente, alors qu'eux ont connu la DDR).
Une bonne synthèse de l'esprit du groupe est à trouver à la 12ème piste, intitulée, contrairement à ce qui apparait sur cette page (pour l'instant ?!) "spirit of '96" - ce qui est volontairement un détournement de "69" (année culte chez les neuskis non-fafs), et n'a pas d'autre message que l'idée, très internationale et accessible à tous, selon laquelle rien dans la vie n'est aussi important que boire de la bière.