"I know Lucifer so well I call him by his first name!" "And how do you call him?" "I call him Lou...

"On Your Feet or On Your Knees" (beau titre pour un live !) sort en 1975, refermant le premier volet de l'histoire du Blue Öyster Cult, probablement le meilleur (mais on est loin de s'en douter à l'époque quand on accueille cet album comme la preuve du couronnement de notre groupe fétiche...).


Le groupe revisite ici les trois albums studio "noirs et blancs" (et rouges un peu aussi...), avec 3 titres de "Secret Treaties", 3 de "Tyranny & Mutation" et 3 de "BÖC" : même s'il est permis de râler devant certaines absences injustifiables - mais où est "Astronomy", par exemple ? - voici un live roboratif. Chaque morceau connu est joué certes de manière assez fidèle à sa version originale, mais est rallongé par les éblouissantes interventions à la guitare solo de Donald - Buck Dharma - Roeser qui est le véritable héros de ces quatre faces impressionnantes. Parmi tous ces classiques rassemblés ici, c'est paradoxalement "Seven Screaming Diz-Busters", dans une version de huit minutes et demi en formes de montagnes russes, avec même un passage presque "rap" au milieu, qui est le plus original...


Mais, comme le groupe est généreux, "On Your Feet or On Your Knees" est riche en inédits pour les fans qui ne connaissent à l'époque que les albums "officiels" : ils y découvrent surtout une version particulièrement entraînante de "Buck's Boogie", déluge de guitare absolument enthousiasmant. L'adaptation du classique "I Ain't Got You", déjà repris par les Yardbirds, ce qui permet quelque part à Buck Dharma de se mesurer à travers les époques à Clapton et Jeff Beck, est par contre assez dispensable, vraiment trop délayée sur près de dix minutes. Le final sur le "Born To Be Wild" de Steppenwolf permet au BÖC de payer un peu sa dette à l'une de ses principales inspirations, mais souffre d'un son assez moyen et de l'aspect "cacophonie" caractéristique de la conclusion d'un concert.


Le sommet de ce double album est sans conteste sa Face 3, qui contient la meilleure version connue de "Last Days of May", resserrée et magnifique, et une interprétation littéralement démoniaque de "ME 262".


Bien sûr, il est permis de préférer les versions studios de la plupart des chansons, plus concises, plus efficaces en général, mais il est difficile de nier le potentiel d'excitation de ce premier live, que l'on peut décemment considérer comme le "quatrième album de la première trilogie", et qui ne sera surpassé que par la version longue du live "Some Enchanted Evening" quelques années plus tard.


A noter la pochette, qui fit beaucoup jaser encore une fois (soupçons d'apologie du nazisme, voire du KKK...), avec son recto très réussi - limousine noire avec fanions portant le mystérieux symbole du groupe, chapelle sépulcrale -, contrastant avec le reste, particulièrement raté : entre les gants ridicules du porteur du livre sacré et le montage affreusement cheap montrant les "5 guitares" face à un public encapuchonné, il faut bien reconnaître que le "mauvais goût" américain du groupe, qui sévira par la suite régulièrement sur nombre de pochettes très laides, resplendit pour la première fois.


[Critique écrite en 2021]

EricDebarnot
8

Créée

le 14 avr. 2021

Critique lue 156 fois

4 j'aime

Eric BBYoda

Écrit par

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