Il faut être un peu insolent pour oser intituler un album Optimisme en 2020. En dépit de la crise sanitaire mondiale, de la charia qui court au Mali, les quatre garçons de Songhoy Blues font pourtant le pari de garder la pêche et de nous guérir de la morosité ambiante en invoquant la pureté de la six cordes. On prend.
Songhoy Blues ne triche pas pour nous apporter le soleil ; le groupe n’a pas besoin. Leur maîtrise technique est de celles qui donnent le sourire au bout de quelques mesures. Parce qu’elle n’est jamais démonstrative, qu’elle vise une extase immédiate (cf. les riffs speed et hypnotiques de « Assadja », « Fey Fey » et « Gabi »). Les guitares de Songhoy Blues sont des couteaux suisses : headbangeuses sur le défouloir « Badala », frétillantes sur « Bon Bon » et « Barre », affectueuses sur « Pour toi », « Kouma » ou « Korfo ». Se fiant à leur seul feeling, les guitaristes de Songhoy Blues utilisent les effets avec une parcimonie qui confine au génie : un simple phaser apparaît et la température monte de quinze degrés, quand par ailleurs la nudité de leur son se révèle propice à révéler leur vrai talent de songwriters. Cette sécheresse assumée de la production trouve bien sûr un écho dans l’intitulé du genre, celui d’un desert blues qui panse les plaies par une générosité qui déborde de partout.
Si les paroles (évoquant en sourdine la situation pour le moins délicate du Mali) ne sont pas toujours à l’avenant de la musique, résolument positiviste, il n’en reste pas moins que les quatre musiciens canalisent toute leur énergie dans un projet qui appelle à la fête du corps et de l’esprit. Optimisme est un diamant brut (les amplis grésillent de joie, le groove est intraitable) qui régalera autant les amateurs de virtuosité que de dépaysement et de pistes de danse ensablées.