Après deux albums charnières peu convaincants, Winter Kills dernier avant le départ d'une partie du line up originel et Trust No One avec le nouveau line up; la bande de Dez Fafara se permet un petit hors piste avec cet album de reprises au concept original.
Au programme: 12 reprises de standards de country outlaw réorchestrés à la sauce du groupe de Santa Barbara. Voilà un cahier des charges fort bien intéressant surtout lorsqu'on y ajoute quelques invités (une première pour ce groupe) venus de divers horizons:
Le milieu de la country est représenté par Hank3, John Carter Cash et Ana Cristina Cash.
Celui du metal par: Randy Blythe, Mark Morton (Lamb of God), Burton C Bell (Fear Factory...), Broke Lindow (36 Crazyfists)
Et la scène punk au sens large par: Wednesday 13 et Lee Ving (Fear)
On remarquera aussi que l'un des guitaristes du groupe fait des secondes voix sur un des morceaux, une première également...
Alors qu'en est il exactement de cette expérience ? Devildriver avait déjà prouvé par le passé sa capacité à s'accaparer un morceau dont il n'était pas l'auteur, en y insufflant son identité à travers la voix de Dez ou les spécificités d'écriture de sa musique: grosses rythmiques guitares/batterie, les harmonies d'un death metal mélodique sombre empruntant certains codes au black d'autres au heavy... (on pensera tout particulièrement à leur reprise du titre de 16 Horsepower: Black Soul Choir sur l'album Beast ou Sail d'Awolnation sur Winter Kills !).
Et donc oui, Devildriver est capable de tout reprendre mais est ce que le choix des titres a été judicieux ? En grande partie oui !
Certains sont parfaitement adaptés au style du groupe, d'autres ont la petite touche qui fait la différence grâce à l'ajout des invités nommés auparavant. On est dans la reprise entièrement rejouée dans le style du groupe, pas dans une espèce de fusion avec des passages metal et d'autres dans leurs styles d'origines (sauf quelques intro ou outro, au son claire feintant une ambiance proche de la guitare sèche...). Bon, il y a aussi des ratés, des morceaux où chaque partie a été retranscrite en metal mais les transitions mal travaillées (on pense particulièrement à Whiskey River, enchainement de riffs sans âme...ou Thousans miles from nowhere sentant la balade metalcore sirupeuse...)
Un cover album n'est pas chose facile lorsqu'il s'agit de retranscrire chacun des morceaux dans un autre style, tout en gardant l'âme d'origine. Un pari difficile avec le cahier des charges de ce projet, en grande partie réussi bien que difficile d'accès de par les codes d'un style peu connu pour une grande partie du public étant étranger à la culture de cette musique de hors la loi issue des vastes contrées américaines.