Monter plus haut pour descendre plus bas

Ce que j’entends par « plus bas » ? Hélas non, rien à voir avec la note que j’accorde à l’œuvre de Jonathan Geer. Car comme son nom l'indique si bien, il est telle une machine à produire de grandes musiques en chaîne.

Pour un jeu dont le thème est le ciel, l’Aventure céleste, Geer devait insuffler des airs bondissants et progressivement grandioses. Je suis loin de connaître le vocabulaire technique musical, mais voici mon impression. Quand j’ai recommencé mon écoute de l’album, qui je le rappelle, place les morceaux chronologiquement selon les aléas du jeu, une chose m’a frappé.

Pour ceux qui ont vu jusqu’où les ont mené Otus et ses trois mousquetaires, le constat est clair. Owlboy est un jeu dramatique. Et pourtant, tout commença si bien. Un monde aussi chatoyant et plein de vie. Mais quelque chose commence à clocher. On se surprendra à se demander « Pourquoi ? ». Par exemple, pourquoi un tel monde ? Tellement fragmenté ? Il ne suffit que d’une heure pour comprendre la tragédie des habitants de ces terres volantes.

Tout comme l’air pur qui souffle là-haut, dans les atmosphères du village de Vellie, Geer est parti pour une soundtrack très orientée instruments à vent et à cordes. Très peu de sonorités électriques. Les percussions parfois tribales rajoutent un cachet folklorique au monde d’Owlboy. Les combats seront ainsi d’autant plus intenses. Les fuites d’autant plus pressantes. Les drames encore plus malheureux.

Plus l’on descend dans les bas-fonds de l’OST, plus cette tragédie se fait sentir. Vous ne trouverez plus aucune joyeuse balade après le fabuleux mais mélancolique thème de Strato. En fait non, même avant la joie a quitté la bande-son. Puis Otus franchira la stratosphère. Plus haut encore. Et à chaque nouveau pan de l’histoire, tout s’empire. La vision d’Otus sur lui-même, sur ses ancêtres et sa planète. En se rapprochant du vide spatial, le ton change et montre ses crocs. C’est, je trouve, tout le génie du répertoire d’Owlboy. Nous croyions atteindre le sommet du monde pour mieux apercevoir sa beauté, nous apercevrons sa fin.