Plus universel que personnel.
On aurait tellement aimé que le nouveau disque labelisé Eleanor Friedberger porte bien son titre... Quand on repense, émus, à ce Last Summer qui avait accompagné de bien belle manière notre été 2011, avec sa nostalgie de bon aloi et sa chaleur tranquille, on commence un peu à se faire des idées très positives sur ce que pourrait bien contenir un album encore plus personnel ! Et bien ça n'est pas cette année qu'on le saura. En dépit de nos espoirs Personal Record ne sera pas un album intime, et c'est bien dommage.
Sur son disque, Eleanor cherche l'universalité. L'homonyme d'une des plus grandes chansons de McCartney tient justement à s'adresser au coeur de tous ces 'lonely people'. Elle confie en interview vouloir que n'importe qui puisse s'identifier à tel ou tel morceau. L'ambition est louable, mais le résultat sur bande ne convainc pas autant qu'on le voudrait. Le concept de vérité universelle mute tristement en une tranquillité bien trop confortable pour séduire. Ça commençait pourtant si bien ! De "I Don't Want to Bother You" au sautillant "Stare At The Sun" inclus, on sent renaître une partie de la magie de la miss Friedberger et de sa belle voix de professeur de diction. Quatre pistes, plus très nostalgiques mais brillantes de bonne humeur et d'un dynamisme pop rappelant les belles heures des Fiery Furnaces. Mais les choses se gâtent dès le très downtempo "Echo Or Encore". La transition est rude, de quoi retomber dans son fauteuil, décontenancé, coupé dans un bel élan. Une guitare acoustique bossa-nova, une contrebasse légère, un piano zen... Pas déplaisant en soi, mais quelle baisse de rythme par rapport à la première partie du disque ! Malheureusement, la tension ne remontera pas vraiment (à part pour "She's A Mirror"), et on errera du solo de flûte rétro du bien nommé "I Am The Past" aux synthés de "Singing Time", sans vraiment parvenir à accrocher à l'ensemble.
Le plus terrible, c'est de constater avec les écoutes répétées que les chansons prises à part sont bien faites, construites avec un savoir-faire pop que la frangine Friedberger avait déjà prouvé posséder dans le dernier Last Summer. Mais pas de cohérence en vue, à l'échelle du disque. C'est là que le bât blesse. Eleanor n'a pas l'excuse du premier album ; on sait très bien ce dont elle est capable en solo, d'imprégner trois quarts d'heure de musique d'une couleur bien particulière. Pour Last Summer, une fois de plus, cette couleur était une nostalgie baignée d'un charme désuet. Rien de tel sur Personal Record, qui demeurera une collection sympathique de jolies chansons, sans que le tout dépasse la somme des parties. De quoi devenir à notre tour nostalgique de l'ancienne Eleanor Friedberger...