Brujeria est vraiment le super groupe par excellence, une entité montée par Juan Brujo, Hongo (alias Shane Embury), Güero Sin Fe (alias Billy Gould), Asesino (alias Dino Cazares), Hozicon Jr. (alias Jello Biafra) en 1989. Je ne vais pas les énumérer, mais il y a eu depuis un nombre conséquent de membres (fixes, de session, live) émanant de formations bien établies (At The Gates, Carcass, Fear Factory, Arch Enemy et bien d'autres).
Brujeria n'a pas sorti d'album depuis son troisième Brujerizmo (2000), bien qu'il y ait eu quelques singles récemment, dont le visionnaire et insolent Viva El Presidente Trump! cette année.
Toujours mené par le frontman à la voix caractéristique Juan Brujo, Brujeria pratique encore et toujours un death grind on ne peut plus contestataire, traitant des thèmes très chers à Juan que sont l'immigration, l'intégration, les désillusions du peuple mexicain frontalier et transfrontalier des Etats-Unis. Pocho Aztlan se réfère d'ailleurs à la terre promise des aztèques, tournée en dérision via le terme « pocho ». Et bien sûr, la drogue, avec notamment un titre dédié à Pablo Escobar (Plata O Plomo), personnage récurrent des textes de Juan Bujo. Toujours dans la provocation...
On retrouve sur cet album l'énergie et la rage de Brujeria, avec un gros son qu'on avait déjà sur Brujerizmo mais qui tranchait un peu avec le côté brut et spontané des deux premiers albums (dont je suis un fan inconditionnel). Pocho Aztlan est probablement l'album le moins linéaire de Brujeria, variant les tempos, les ambiances (tantôt sombres et rageuses, tantôt limites festives avec ce côté « Ay Pepito! » très fun), les nombreux samples et les interventions des backing vocalistes.
Malgré ses apparences de gros fourre-tout, Pocho Aztlan est un album plutôt carré et propre, avec une accroche immédiate sur l'ensemble des morceaux. La crasse et la spontanéité d'antan ne sont qu'un lointain souvenir.
J'ai bien aimé le petit clin d'oeil à Jello Biafra avec la reprise de California Über Alles (pastichée en Über Aztlan pour l'occasion), bien meilleure que la reprise ridicule d'un certain groupe de Chris Barnes.
D'un côté, j'ai plaisir à retrouver ce groupe très sympathique, au style aisément reconnaissable. De l'autre, j'aimais beaucoup leur côté brut de décoffrage et leur sauvagerie. Pocho Aztlan est pour moi une réalisation honnête dans l'ensemble, mais qui n'a plus tout à fait la saveur de leurs premières réalisations. Un bon album, néanmoins.
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