J'ai une sorte d'amour inavoué pour L.E.J, qui se situe pile entre leur ahurissant succès commercial et la haine que leur vouent tous ceux qui aiment la "vraie" musique. Il y a dans l'assemblage de leurs voix, dans les ondulations de leurs harmonies, quelque chose qui frotte dans mes oreilles, et c'est exactement ce que j'aime dans la musique. Je n'attendais pas vraiment cet album, car les quelques compositions que les LEJ ont sorti ces dernières années ne m'ont pas convaincue, et Poupées Russes confirme ce préssentiment : mince, il manque quelque chose. Ce qui s'avère vraiment bête, c'est que le bas ne blesse pas dans la musique : sans êtres extraordinaires, les mélodies pourraient faire l'affaire et recèlent de joyaux auditifs. Pour moi, le plus grand malheur est dans les textes. Il y a de belles tentatives et même quelques fulgurantes réussites, mais dans l'ensemble les paroles sont plutôt pauvres - ce que je reproche à de nombreux artistes français, notamment dans l'actuelle vague "electro-qui-parle-frenchie". Je ne parle pas nécessairement des idées véhiculées mais de la forme. Je voudrais entendre de la vraie poésie loin des expressions attendues, et des mots qui frottent eux aussi, comme du Thiéfaine. Ce qui attriste mon oreille, c'est qu'il me semble aujourd'hui que ce bel enchevêtrement de voix ne sert aucun dessein.