To the toppermost of the poppermost
Si l'annonce de la séparation des Beatles fut ressentie comme une libération du côté de Lennon et de Harrison, elle fut en revanche reçue comme un coup de massue du côté de notre ami McCartney. Ce dernier l'avoua lui-même : le rôle de Beatles était devenu comme un métier à part entière pour lui, quelque chose qui le faisait se lever le matin et donnait un sens à sa vie. Le changement de son statut de "Beatle" en celui d"Ex-Beatle" eut donc pour conséquence de le déboussoler totalement notre brave Paulo, lui donnant ainsi la désagréable impression de se retrouver comme qui dirait au chomdu, et de ne plus servir à rien. Tel quel ! Macca venait tout simplement de perdre son job. Et un putain de job qui plus est ! Meilleur encore que celui de masseur de Kate Upton. C'est dire.
S'ensuivit alors une période de remise en question et de perte de confiance totale pour lui. Période durant laquelle il se retira dans sa demeure écossaise afin de déprimer et de ruminer de manière beaucoup, de chialer un tant soit peu sa race sur la perte de son job adoré, et finalement de compter ses multiples disques d'or et les multiples multi-millions de milliards de brouzoufs accumulés durant sa carrière en tant que perruque. Cette dernière entreprise, cumulée à l'amour et au soutien de sa femme Linda, lui remit finalement du baume au cœur et contribua à le remettre petit à petit d'aplomb. Paulo ressortit donc bientôt sa boite à mélodie magique pour émerveiller le monde. Une initiative que l'on peut qualifier de chouette, de super bien, ou encore, si l'on osait vraiment, de méga coolos.
Et c'est après un premier album convalescent et sobrement intitulé McCartney que Ram pointa le bout de ses cornes. Paul semble alors y avoir retrouvé toute sa superbe. Il semble également n'avoir pas complètement digéré certaines bisbilles ; car certains morceaux contiennent indéniablement quelques perfides allusions à son ancien compère et sa criarde dulcinée. Sachez-le, c'est bel et bien Paulo qui ouvrit les hostilités entre les deux ex-Beatles. "Too Many People", "3 Legs" et à un degré moindre "Dear Boy" recèlent en effet quelques phrases plutôt piquantes, et que l'on peut qualifier d'offensive à l'encontre du célèbre couple. La photo d'un scarabée culbutant un autre scarabée trônant sur le verso de l'album ne laisse également guère de doute sur l'une des intentions secrètes du gentil Paul avec cet album : à savoir régler quelques petits comptes en passant.
Tout ceci ne tomba évidemment pas dans l'oreille d'un sourd puisque Lennon lui répondit acrimonieusement sur l'album Imagine avec la chanson "How Do You Sleep ?", entre autres joyeusetés.
C'est tout pour les potins.
Musicalement l'album se révèle certes très pop, mais très riche néanmoins. Et si la sensibilité acoustique l'emporte assez franchement (à mon plus grand plaisir), cela n’empêche pas le beatle poupon d'utiliser parcimonieusement et talentueusement la fée électricité. Des morceaux plus pêchus dans le style de "Smile Away" ou de l’excellente "Monkberry Moon Delight", sur laquelle Paul chanthurle allègrement, amènent une diversité bienvenue à l'ensemble. Mais ne nous voilons pas la face, c'est encore une fois la mélodie qui est mise à l'honneur avec ce disque. La mélodie : la véritable muse de Paulo, l'étincelle divine sur laquelle notre ami a bâti tout son empire. Comment évoquer un album de McCartney sans lui rendre honneur, à la mélodie, tant les deux semblent indissociables l'un de l'autre ?
La mélodie est reine sur Ram, elle gouverne et trône majestueusement sur la splendide "Dear Boy" par exemple, sur la non moins splendide "The Back Seat Of My Car" qui clôt l'album en beauté, sur le délicieux "Uncle Albert/Admiral Halsey" également, ou encore sur la bucolique et dépouillée "Heart of The Country". Elle brille de mille feux, la mélodie, sur tous ces joyaux. Ces joyaux qui n'ont rien à envier à personne, pas même au passé. Et mis à part peut être quelques interventions vocales d'une Linda pas toujours très juste, ou encore une production sans doute pas aussi royale qu'elle aurait pu l'être sous l'ére Beatles ; rien est à jeter, et l'album ne souffre aucune véritable fausse note ou faute de gout.
En définitive, et comme à chaque fois que McCartney pense avoir quelque chose à prouver ou qu'il tente de se hisser au niveau de quelqu'un d'autre, celui-ci excelle et se surpasse. C'est seulement dans ce genre de situation d'adversité ou de compétition qu'il donne la pleine mesure de son talent, qui est immense. Tandis qu'au contraire le confort l'engourdit et accentue son penchant naturel pour la mièvrerie. Faut le piquer au vif le Macca, le bousculer, sinon il se laisse aller, comme il le fera trop souvent dans la suite de sa carrière. Avec Ram l'objectif était clair, il s'agissait d'en mettre plein la vue et de prouver aux autres qu'il n'avait rien perdu de ses talents, et pourquoi pas même, de donner quelques regrets à ses anciens acolytes, comme suggéré subrepticement dans le titre "Dear Boy" ( I hope you never know, dear boy, how much you missed)
Un sacré sursaut d'orgueil.
Pour l'anecdote, malgré tout ce déluge de beauté, le disque fut très mal reçu par les critiques musicales de tous bords au moment de sa sortie en 1971. Aujourd'hui, une grande majorité le considère comme un chef d'oeuvre et comme le meilleur effort d'un ex-beatle en solo. Comme quoi, tout n'est question que de temps.
Ah ! et oui, j'allais oublier. Je sais pas si vous étiez au courant, mais Paul McCartney est bel et bien un putain de génie ! Un motherfucking genius ! Un genio de puta madre ! On pourrait le dire dans toutes les langues si on le voulait. Ça dépasse les putains de frontières.
Dear Boy :
https://www.youtube.com/watch?v=zPTKv26G4p4
Monkberry Moon Delight :
https://www.youtube.com/watch?v=IrthE_waCV8