Il aura fallu quatre ans à Michael Feerick, aka Amusement Parks On Fire, pour sortir un successeur à Out Of Angeles, deuxième album, mais premier réalisé en groupe. Cependant, il faut que les choses soient claires : il n'y a pas à douter un seul instant que l'anglais ait la main mise totale sur le projet.
La preuve en est que depuis ses débuts avec le phénoménal album éponyme, joué et composé en solo, le son, pierre d'angle de sa pop dopée au shoegaze burné, n'a pas bougé d'un iota. Pour autant, la continuité (l'immobilisme ?) dans laquelle s'inscrit presque mécaniquement Road Eyes a quelque chose d'un peu agaçant, surtout après une attente aussi longue. Feerick a pourtant de son côté la jeunesse, et, pouvait-on penser, une certaine fougue qui l'aurait poussé à se remettre en question...


Mais visiblement l'anglais préfère s'entêter et façonne encore et toujours ce mur du son qui est sa marque de fabrique... Heureusement pour lui, cette distinction est encore, à ce jour, suffisamment personnelle et puissante pour séduire des auditeurs voués à sa cause.
D'ailleurs il faut avouer qu'écouter Amusement Parks On Fire procure un plaisir assez immédiat, tant l'aspect pop se fraye aisément un chemin au travers de la toile de bruit tissée par les cinq musiciens. La voix de Feerick, presque aguicheuse, n'y est pas pour rien ; elle irritera même certainement quelques âmes peu enclines aux concessions. Pour autant, elle est sans conteste la caution mélodique du groupe, et dès qu'elle s'efface, ça pilonne sévère !
Il est important de le préciser aussi : la grande force du groupe se situe également dans son humilité. Bref, ces jeunes gens font ce qu'ils savent faire et le font bien.


Définitivement plus proche du shoegaze planant de Slowdive que de celui de My Bloody Valentine, Amusement Parks On Fire a creusé un sillon entre ses deux aînés : entre le bruit et la pop il n'a pas encore vraiment choisi.

Francois-Corda
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le 29 août 2018

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François Lam

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