Seasons Change par G_Savoureux
L'écoute de Seasons Change démarre mal.
Dès les premières mesures, on se dit qu'on tient un peu la transition entre l'Acid-Jazz anglais du début des années 90 et la vague Nu Soul américaine de la fin de cette décénie. Et du coup, on jurerait avoir en main un disque datant de 1995 ou 1996 qui a un peu vieilli, mais qui reste quand même attirant.
Sauf que non. Seasons Change date de 2002. Il vient donc après Voodoo de D'Angelo, Mama's Gun d'Erykah Badu, ou des efforts d'Omar, N'Dambi, voire de Meshell N'Degeocello qui ont bien fait avancer la musique autour de ces genres depuis. C'est comme si ce disque était sorti 5 ou 6 ans trop tard.
Et puis finalement, rien n'étant désagréable à l'ouïe, on laisse facilement les plages s'écouler les unes après les autres, et on se rend compte qu'on a à faire à un disque assez intéressant. Il est d'abord d'une grande unité. Certes, on se rapproche parfois du hip-hop à la sauce Arrested Developpment (Like Poetry), d'un jazz/fanfare façon New Orleans comme l'a déjà fait N'Dea Davenport, avec une voix qui évoque un peu Rachelle Ferrel dans sa chaleur et ses intonations jazzy.
Il se dégage une forme de chaleur, d'apaisement plutôt agréable, et on arrive même à un ou deux sommets d'assez bon niveau musical, notamment dès que les cuivres parviennent à prendre l'espace (Take Me Higher).
Pour être clair : pas la peine de remuer ciel et terre pour se procurrer ce disque, mais si on arrive à le trouver par hasard, il pourrait bien réserver quelques bons moments, quelques passages suffisamment bien sentis pour qu'on y revienne de temps en temps. Il se pourrait alors qu'on refasse l'erreur de datation, sans que ça ne soit rédhibitoire pour autant.